Numéro spécial en kiosque : “Les Idées de demain” !

Toute l’année, la rédaction de Philosophie magazine repère dans la presse internationale les interventions les plus marquantes de philosophes et essayistes sur les sujets qui font l'actualité longue, sur les lignes de faille qui annoncent les grandes évolutions.

Intelligence artificielle, guerres, urgence climatique, crise de la démocratie... Depuis 2020, nous avons pris l’habitude de rassembler les meilleurs textes choisis par nos journalistes dans un petit livre, intitulé 20 Penseurs pour 2020, 21 Penseurs pour 2021, 22 Penseurs pour 2022 puis 23 Penseuses pour 2023.

Pour 2024, il n’y aura pas « 24 Penseurs » en librairie, mais à la place un tout nouveau, et vibrant numéro spécial de Philomag : « Les Idées de demain ». Disponible en kiosque dès aujourd’hui !

L’édito des “Idées de demain”, par Octave Larmagnac Matheron

« De mon point de vue, vient un moment, peut-être toutes les six ou huit générations, où le monde change en un temps très court. […] Nous y sommes. Et je crois que ce qui va se passer dans les deux, trois prochaines années déterminera à quoi le monde ressemblera dans les cinq ou six décennies à venir. » Ces mots pourraient passer pour les élucubrations futurologiques d’un de ces innombrables prophètes modernes dont le monde regorge. Mais ils ont été prononcés par Joe Biden lors d’une discussion avec le président chilien Gabriel Boric. Une bonne raison de les prendre au sérieux. Nous sommes à un point de bascule. Mais vers quoi nous dirigeons nous ? Difficile à dire. Impossible d’utiliser nos vieille lunettes pour prévoir le futur. Nous en sommes réduits à détecter, dans le présent, les signaux faibles où s’annonce l’avenir – à inventer, dès aujourd’hui, les outils de compréhension du monde de demain.

C’est l’objectif de ce volume qui, rassemblant les meilleures interventions des grands penseurs contemporains dans la presse internationale tout au long de l’année 2023, donne de précieux outils pour comprendre de quoi 2024 sera faite. L’incertitude, évidemment, demeure. Il nous faut pourtant, tant bien que mal, nous préparer à accueillir cet avenir imminent qui tambourine à la porte, pour ne pas céder à la panique. Comme le disait Derrida dans Voyous, « la figure de l’avenir, c’est-à-dire ce qui ne peut que surprendre […] s’annonce sous les espèces du monstre. Un avenir qui ne serait pas monstrueux ne serait pas un avenir, ce serait déjà un lendemain prévisible, calculable et programmable. » Ce n’est pas pour rien sans doute si le dieu latin des enfers Orcus, qui a donné son nom aux orques de fictions, a la même racine que l’urgence. L’urgence – urgeo – nous « accule », nous « presse » d’agir et plus encore, peut-être, de penser. Que nous le voulions ou nous, le monde va changer. Si nous nous cramponnons au passé, nous serons tôt ou tard pris de cours par la « polycrise » qui ébranle de part en part notre réalité. C’est seulement en acceptant le grand bouleversement que, peut-être, nous pourrons espérer lui donner un sens et une direction.