Le chant des signes

Baccide, le millième crasseux

publié le 3 min

Les gels désinfectants pour les mains pullulent et promettent une protection contre «99,9% des bactéries». Le 0,1% manquant serait un gage de sérieux, faisant penser que la propreté est un Graal laissant toujours un microbe à abattre. Un véritable témoignage de l'emprise de l'hygiénisme sur nos comportements.

Auparavant, on se lavait les mains juste avant de passer à table. Désormais, grâce au « Baccide » – qui, comme « Frigidaire » ou « Kleenex », est en passe de devenir un nom commun –, on se nettoie les mains dès qu’on met le nez dehors. Tel un morceau de cire qui change de consistance sous l’effet de la chaleur, le Baccide – littéralement, « l’assassin des bactéries » – est une substance magique, qui, quand on s’en sert, traverse en quelques secondes tous les états de la matière. D’abord gluante et légèrement compacte, la noisette savonneuse qu’on dépose dans la paume éclate et se liquéfie sous le frottement des mains, avant de s’évaporer, presque aussitôt, sous l’œil incrédule de l’usager systématiquement surpris d’être ainsi dispensé du rinçage. Le Baccide est un nettoyage à sec, un solvant pour tissus vivants, dont la capacité d’exterminer les champignons est à la fois avérée par le suffixe « -cide » (le Baccide est « fongicide », « bactéricide » et « virucide ») et par l’odeur de citronnelle qui, témoignant d’un environnement défavorable à la prolifération bactérienne, est universellement reconnue comme le signe olfactif de l’hygiène.

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