Hommage à Albert Camus pour le centenaire de sa naissance

« Le monde est beau, et hors de lui point de salut », écrit Albert Camus dans Noces. Le penseur de la révolte faisait ses premiers pas dans ce monde agité, il y a tout juste un siècle. On fête aujourd’hui le centenaire de sa naissance, sans pompes.

Ni la Bibliothèques nationale de France ni aucune grande institution ne lui rendront hommage. Seul le centre Albert-Camus de la Cité du livre d’Aix-en-Provence présente – après une annulation, une série de mésententes et de polémiques, l’éviction du commissaire pressenti – Benjamin Stora – et la démission de son successeur – Michel Onfray –, l’exposition Albert Camus, citoyen du monde, jusqu’au 5 janvier 2014. 

L’héritage d’Albert Camus n’est pas une mince affaire. On se souvient, outre les polémiques qui ont accompagné le projet d’exposition à Aix-en-Provence, de la tentative avortée de Nicolas Sarkozy de transférer la dépouille de l’écrivain au Panthéon, en 2009. Benjamin Stora rappelle ainsi dans les pages du Figaro que l’humaniste, en dépit de son aura fédératrice, « continue de susciter passion et polémique. Essentiellement quant à son rapport à l'Algérie. »

Par-delà toutes polémiques, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti se rendra, elle, vendredi sur la tombe d’Albert Camus, à Lourmarin (Vaucluse), afin de célébrer ce centenaire en pointant, comme elle le dit à l'AFP « un héritage littéraire et populaire immense. […] Camus part de la réalité telle qu'elle est, il voulait changer la vie mais non le monde. C'est un beau message à une époque où nous sommes revenus de grandes utopies qui se sont révélées catastrophiques pour le monde et où nous avons besoin d'un espoir, d'une énergie, d'une volonté de vivre pour transformer, améliorer la vie des gens. »

Aujourd'hui, Google se joint à l'hommage… après qu'il a pareillement fêté Nietzsche le 15 octobre dernier. Le géant d’Internet offre un «doodle» animé, représentant Camus et Le Mythe de Sisyphe et rappelant entre les lignes à tous les internautes qu’« à cet instant subtil où l'homme se retourne sur sa vie, Sisyphe, revenant vers son rocher, contemple cette suite d'actions sans lien qui devient son destin, crée par lui, uni sous le regard de sa mémoire et bientôt scellé par sa mort. Ainsi, persuadé de l'origine toute humaine de tout ce qui est humain, aveugle qui désire voir et qui sait que la nuit n'a pas de fin, il est toujours en marche. Le rocher roule encore. [...] La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. » (Le Mythe de Sisyphe, 1941)

Né le 7 novembre 1913 à Mondovi, en Algérie, Albert Camus, journaliste, philosophe et résistant, mène de pair sa vie durant la création artistique et l’engagement politique. Il écrit pour « Éclairer les définitions pour désintoxiquer les esprits et apaiser les fanatismes, même à contre-courant ».
 

Auteur de La Peste, de L’Étranger et de L’Homme révolté, il reçoit le prix Nobel de littérature en 1957. Lui qui affronte l’absurdité du monde, préférant la tempérance à l’absolu, faisant place au « mystère de l’existence », rendant grâce « à cet ordre, enfin, où l’on sait sans savoir », déclare lors du Discours de Stockholm : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. »

Il meurt prématurément, le 4 janvier 1960, dans un accident de voiture aux côtés de Michel Gallimard. Faute d’avoir pu mener sa « tâche » à son terme, empêché de déployer son œuvre dans toute son envergure, Albert Camus laisse après lui les ferments toujours actifs d’une « pensée révoltée » pour la postérité, animée d’une conviction « Vivre, c’est ne pas se résigner » (Noces). 
 

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