L’éternel été de Marcel Pagnol

Le cycle autobiographique Souvenirs d’enfance retrace les vacances familiales de Marcel Pagnol, dans les collines de la région d’Aubagne. De son écriture tendre et nostalgique, l’auteur esquisse en quatre volumes, publiés entre 1957 et 1977, une philosophie vibrante de l’enfance : un monde solaire et hors du temps, truffé de grandes aventures et de révélations existentielles.

« J’entendis deux mille cigales, et dans les éteules enchantées, le premier grillon des vacances qui limait une barre d’argent. » Voici le paysage sonore du cycle Souvenirs d’enfance, une fresque en quatre tomes dans laquelle l’écrivain emblématique du Sud de la France Marcel Pagnol (1895-1974) se souvient de son été passé en Provence, à « La Bastide neuve », une maison de vacances située dans la commune d’Allauch, au-dessus de Marseille. Ici, le petit Marcel, qui vient d’arriver, compte bien partir explorer les collines avec son ami du coin, Lili, qui connaît la région comme sa poche. La rentrée, en octobre, sonnera la fin des vacances. Mais il ne veut pas y penser : à son âge, un été, ça dure toute la vie.

Pour Marcel, comme pour son frère, « le Petit Paul », chaque jour qui passe est une occasion de vivre « la grande aventure ». La vie des enfants est jalonnée de petites odyssées plus ou moins glorieuses : de la capture de cigales à la prise en filature des chasseurs, jusqu’à l’attaque d’un terrifiant hibou « grand-duc ». Le fameux épisode des Bartavelles, lors duquel le père de Marcel – grand héros de sa vie – parvient à chasser deux perdrix, devient à lui seul une image d’Épinal. « Et dans mes petits poings sanglants d’où pendaient quatre ailes dorées, je haussai vers le ciel la gloire de mon père en face du soleil couchant », se souvient-il dans La Gloire de mon père (1957), inspiré de cet événement.