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Paris, le 27 février 2024. La ministre de la Culture Rachida Dati arrive au palais de l’Élysée, pour un dîner lors de la visite d’État de l’émir du Qatar. © Jacques Witt/Sipa

Rachida, oh la la

Victorine de Oliveira publié le 20 mars 2024 4 min

« “Il faut que je t’avoue un truc : j’ai un maxi kink avec Rachida Dati.” La copine qui me fait cette confidence n’a pas exactement le look “bourgeoise du VIIe arrondissement en goguette au Bon Marché avant d’aller s’encanailler à Saint-Germain-des-Prés”. Elle serait plutôt du genre à traîner des New Balance sans âge à la Mutinerie, un des bars lesbiens historiques de Paris, ou dans les collectifs juifs décoloniaux où elle milite. Mes yeux s’agrandissent donc au point que ma tête doit ressembler à un emoji “surprise”. Mais force m’est de constater que je la comprends. Rachida Dati est de droite, de ce sarkozysme décomplexé que l’on espérait relégué dans un musée dédié aux très moches années 2000, avec les pantalons taille basse et le gel dans les cheveux. Mais en pleine tendance “Y2K” (pour “year 2000”), la ministre de la Culture récemment nommée connaît un regain de hype qui fait mouche, tous bords politiques confondus. Quel est son secret ?

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Première hypothèse : son sens de la répartie. Pour le dire poliment, Rachida Dati a le langage fleuri, notamment par texto. “Tu es une grosse merde”, aurait-elle écrit au ministre de l’Économie Bruno Le Maire en février, d’après Le Monde (à noter qu’elle-même dément cette information). Au Premier ministre Gabriel Attal, c’est carrément des menaces dignes d’un Tarantino qu’elle aurait adressées : “Je vais transformer ton chien en kebab.” C’est grossier, ça ne va pas chercher bien loin, mais c’est efficace, et ses punchlines de régaler les réseaux sociaux. On imagine le cliquetis d’ongles vernis rouge sang sur le clavier du téléphone, dernier clic “envoyer” sans même prendre la peine de relire, et la tête soudain légèrement congestionnée du destinataire. Dati maîtrise l’art de la dialectique éristique, louée par Schopenhauer dans L’Art d’avoir toujours raison : il s’agit plus de controverser que de converser, et d’assumer que la vérité peut bien s’accommoder de mauvaise foi et de méthodes douteuses, à l’occasion.

Deuxième hypothèse : elle plaît aux féministes, quand bien même elles ne l’avoueraient qu’à moitié. Si Dati avait été vertement critiquée pour s’afficher dossiers sous le bras à peine quelques jours après son accouchement en 2009, elle montrait aussi que son sort de “maman solo” confrontée à un homme qui refusait de reconnaître sa paternité pouvait arriver à tout le monde. Par son côté grande gueule, elle tient par ailleurs de la cagole – plus dans l’esprit que dans le vestiaire, il va sans dire. La cagole est de ces figures auparavant repoussoir qui font leur retour en grâce comme modèle féministe d’empowerment : la cagole assume de déborder, de ne connaître aucune limite, dans l’expression de sa féminité comme dans son langage. Sans filtre, sans gêne, on voit très bien Rachida Dati claquer sa bulle de chewing-gum en Conseil des ministres, le portable prêt à sulfater.

Troisième hypothèse : elle s’en prend à tout le monde. On connaît son inimitié quasi légendaire pour Anne Hidalgo, la maire de Paris, et on l’a vu traiter des journalistes, en l’occurrence Élise Lucet, de “pauvre fille” à la “carrière pathétique” afin d’esquiver des questions gênantes. Ce sont des adversaires politiques, rien de surprenant là-dedans. Mais l’ancienne ministre sarkozyste n’hésite pas à s’en prendre à son propre camp, torpillant même ses voisins de banc. Ainsi ouvrait-elle le feu, toujours par texto, sur Brice Hortefeux, alors en pleine affaire Takieddine en 2016. “Salut le facho”, entame-t-elle, pour suivre sur des menaces de révélations concernant de l’argent liquide perçu et un emploi fictif accordé à une “ex”. Le tout envoyé à celui qui a la “qualité de ministre (naze) de l’Intérieur” et ne serait qu’un “voyou”. De ce texto révélé par Mediapart, aucun des deux n’aurait le souvenir. Rachida Dati, c’est un peu Diogène le cynique qui exige sans ménagement d’Alexandre le Grand qu’il s’ôte de son soleil, mais depuis un tonneau siglé d’une marque de luxe.

Dernière hypothèse : c’est une transfuge de classe. Issue d’un milieu modeste – son père était un maçon, immigré marocain –, elle surjoue le côté cash associé à sa classe d’origine, pour mettre mal à l’aise le bourgeois. Rien de plus jouissif que d’enfreindre le “ça ne se fait pas”. À celui qui métonymise sur le “renflement brun” dans les pages d’une prestigieuse maison d’édition située dans le VIIe arrondissement dont elle est par ailleurs toujours maire, Dati adresse une “merde” dénuée de tout voile métaphorique. On repassera donc pour la geste littéraire – après tout, cela n’a pas tellement réussi à Christiane Taubira. C’est une stratégie de communication comme une autre. Le risque : devenir le bouffon du roi – la “première dame” apprécie apparemment “sa drôlerie”, rapporte Le Monde. Pas sûre, dès lors, d’aimer “ta position”, comme le chantait ironiquement le duo Sexy Sushi en 2009. »

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