Les villes spirituelles de Cees Nooteboom

Une invitation à flâner le long des rues des grandes métropoles d’Europe, d’Asie et d’Amérique – de Paris à Bangkok, en passant par Brasilia – pour tenter de découvrir l’esprit qui les anime. Notre guide dans ce périple urbain ? L’écrivain-voyageur néerlandais Cees Nooteboom, que nous avons rencontré à Lyon, en marge du Festival Mode d’emploi organisé par la Villa-Gillet. Laissez-vous dépayser !

Les grandes villes exercent une influence sur la vie de l’esprit. Elles n’offrent pas, à celui qui les traverse ou les habite, un cadre neutre, elles ne se réduisent pas à un décor extérieur. Elles communiquent des sentiments et des pensées, invitant ainsi à faire des expériences intérieures. C’est pourquoi il est possible de composer des portraits philosophiques de villes, et nul n’est mieux placé pour le faire qu’un écrivain-voyageur néerlandais au nom étrange, Cees Nooteboom.

Né en 1933, Nooteboom a décidé à 20 ans de partir sur les routes et s’est lancé dans un tour d’Europe en auto-stop, qu’il raconte dans son premier roman, Philippe et les autres, paru en 1954. En phase avec le mouvement beatnik, en avance sur les soulèvements de la jeunesse des années 1960, l’ouvrage remporta un succès immédiat aux Pays-Bas. Après cet heureux coup d’envoi, Nooteboom n’a plus jamais cessé de voyager. Tour à tour employé de la marine marchande en partance vers le Surinam, reporter ou simple flâneur, on le retrouve cinquante ans plus tard, s’exprimant dans cinq langues et passant sans arrêt de l’une à l’autre, pour une interview dans un hôtel du centre de Lyon. S’il partage l’essentiel de son temps, aujourd’hui, entre Amsterdam et Minorque, Nooteboom réside encore chaque année dans trois ou quatre pays différents, où il s’établit plusieurs mois d’affilée, dans le but d’y écrire des récits, des reportages, des poèmes, des essais qui entendent attraper l’esprit du lieu. Pour cet article, il a accepté de se livrer à un exercice inhabituel : plutôt que de parler de ses livres, il évoque ses villes. Et nous y emmène, en imagination.

 

Remerciements à Philippe Noble, traducteur français de Cees Nooteboom, pour son aide durant et après cet entretien.