Foucault à Varsovie

Tout débute comme une intrigue policière : pourquoi Michel Foucault a-t-il été expulsé de Varsovie en 1959, après y avoir brièvement dirigé le prestigieux Centre de civilisation française ? Comment comprendre qu’il ne reste aucune trace de son séjour ? Adoptant la méthode du philosophe, Remigiusz Ryziński, spécialiste des études de genre, a commencé par examiner « les archives sous tous les angles possibles ». En vain… jusqu’à ce qu’il trouve le bon mot-clé, qui débloque ses recherches – vous le découvrirez dans l’épilogue. Le livre, qui relève tant de l’enquête que de la biographie, brosse également une histoire de l’homosexualité dans un pays communiste pudibond. Si le mélange des genres rend la construction parfois confuse, la curiosité reste avivée par cette chronique rocambolesque de la période polonaise de Foucault. Il achève, durant ces mêmes années, sa thèse sur l’histoire de la folie (publiée en français en 1961) – chacun des présents chapitres est précédé d’un exergue qui en est tiré. C’est que, selon l’auteur, « l’aberration du système politique, dont il fut lui-même la victime, a conforté l’une de ses thèses principales : la folie n’apparaît que dans une société de gens normaux. Elle a été inventée, au même titre que la race, la société et la sexualité. » On peut ainsi dire qu’« il n’y avait pas d’homosexuels en Pologne jusqu’à ce que quelqu’un les fiche ». Foucault l’a été, suivi et piégé par un mystérieux Jurek, lui-même débauché par la police secrète. Mais je ne divulgâche pas plus !