Jaune. Histoire d’une couleur

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

Après le bleu, le noir, le vert et le rouge, voici donc le jaune. Rimbaud se servait des couleurs pour les attribuer aux voyelles, Michel Pastoureau en retrace l’histoire dans de beaux livres abondamment illustrés. Mais avec le jaune, l’histoire est celle d’un lent déclin. Couleur solaire et sacrée pendant l’Antiquité, où elle était associée à la lumière, à la richesse et à la prospérité, elle est devenue la couleur mal-aimée à partir du Moyen Âge : celle de la trahison (des traîtres comme des trahis), associée à la judéité stigmatisée jusqu’à une étoile jaune de sinistre mémoire. Certes, il reste un jaune positif, quand il se pare d’or ou devient blond, et tonique dès qu’il vire à l’orangé. Mais il suffit qu’il tire sur le vert pour devenir triste, maladif ou toxique ; « jaunir » n’est jamais bon signe ! Reste que le jaune est toujours voyant, tant sur les taxis new-yorkais que sur le maillot du Tour de France, sur un simple petit pan de mur… ou sur les gilets de la contestation. Le jaune, nouvelle couleur de la colère ?

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