Lettres d’amitié 1920-1959
Une recension de Victorine de Oliveira, publié leOn connaît leur histoire tragique : une amitié fusionnelle comme on n’en vit qu’à 20 ans, notamment entre « Simone » et « Zaza », des sentiments naissants entre « Mlle Lacoin » et Merleau-Ponty, les convenances bourgeoises qui contrarient les élans et la maladie ajoutée au désespoir qui finit par emporter Élisabeth Lacoin à 21 ans. Parce que Merleau-Ponty ne s’est pas marié avec Zaza, Beauvoir lui en veut longtemps. Ils se retrouvent à la Libération, se brouillent à nouveau, Sartre et ses gros sabots se mêlant à l’affaire. Alors que la perspective d’une réconciliation est proche de voir le jour, Merleau-Ponty meurt brutalement à son tour, en 1961. La publication de cette correspondance pour partie inédite éclaire d’une lumière douce-amère les liens qui unissaient les trois amis, entre badinage, construction de soi et discussions philosophiques. Les premiers échanges entre Beauvoir et Zaza sont fortement marqués par un habitus bourgeois : ce sont parties de tennis, promenades en voiture, thé pris entre cousins et moqueries sur telle camarade qui a raté sa version latine. Peu à peu, les lettres prennent un tour plus personnel, plus introspectif : à son « inséparable », on confie « l’étonnement de vivre, le vertige de l’infini » et on forme des projets pour un après qui ne se conçoit pas sans l’autre : « Je fais tant de rêves pour plus tard où je vous donne une si grande place », écrit Beauvoir. Entre cette dernière et Merleau-Ponty, les lettres se font plus intellectuelles, même si la chaleur est bien là. La toute dernière donne une résolution, inédite, à l’affaire : après la parution des Mémoires d’une jeune fille rangée en 1958, Merleau-Ponty éprouve le besoin de s’expliquer (de s’excuser ?). Il reconnaît avoir été « passif, inconscient, inexistant », alors qu’Élisabeth était au plus mal. Il achève par un aveu touchant : « Vous êtes, oui, même quand vous m’engueulez, une des très rares per-sonnes que je ne discute jamais en moi-même. » Sans doute la plus belle preuve d’amitié que rien n’a finalement su gâcher.
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