OEuvres autobiographiques complètes I, II
Une recension de Pierre Péju, publié leEnfin « pléiadisé » le bourlingueur Cendrars ? Tombeau pour cinq cent mille images, cent pays, paquebots, trains, paysages, aventures, trente métiers, vingt légendes, sept oncles ? Homme foudroyé, homme à la main coupée, poète, romancier, éditeur, engagé volontaire, blessé de guerre, acteur, scénariste, journaliste, vagabond, pochard, oisif, enthousiaste désespéré, inventeur d’une écriture rapide et électrique, il n’a parlé que de lui-même à travers les figures de héros, ratés, monstres et autres individus bizarroïdes, Moravagine, Suter, François Villon, Fernand Léger… Non, la prestigieuse collection ne sera nullement un tombeau pour Cendrars, car son papier bible qui vibre au vent du large permettra enfin de saisir « d’un bloc » une œuvre éclatée, faite de récits dont personne, à commencer par leur auteur, n’a jamais pu exactement distinguer le vrai du faux. Textes « autobiographiques », dit le sous-titre. Autobiographique, en effet, Cendrars l’est par pure provocation et production ininterrompue de légende personnelle, entre jubilation, angoisse, folle joie de vivre et pulsions suicidaires. En 1911, celui qui s’appelle encore Freddy Sauser parle déjà, dans une lettre, d’« inventer sa vie », de « jongler avec les possibles », d’« aborder la fiction », et il fait allusion à un penseur aujourd’hui oublié, Hans Vaihinger, auteur d’une étrange Philosophie du comme si (lire la critique de Le « Comme si », de Christophe Bouriau) qui valorise imagination et illusion en tant qu’accès au Vrai, et parle de « la vérité comme la forme la plus opportune de l’erreur ».
Tout inventer, même son nom ! C’est en Amérique que le jeune Sauser prendra le pseudonyme de Blaise Cendrars, car « l’écriture est un incendie qui embrase un grand remue-ménage d’idées et qui fait flamboyer des associations d’images avant de les réduire en braises crépitantes et en cendres retombantes ». Braise et cendres ! Ce feu est aussi celui de la mitrailleuse qui, sur le champ de bataille, détruira son bras d’écrivain. Le Phénix n’en écrira que de plus belle, de la main gauche, inventant encore, à la recherche d’une écriture qui aurait quelque chose du cubisme de Braque et des tourbillons colorés des Delaunay. Cet écrivain plein de doute a choisi, en exergue à L’Homme foudroyé, une citation de Descartes sur le « grand livre du monde » : « […] voyager, voir des cours et des armées, fréquenter des gens de diverses humeurs et conditions, recueillir diverses expériences, s’éprouver soi-même dans la fortune ».
L’Art de la guerre n’a pas été rédigé par une seule personne. Cet ouvrage est le fruit d’un long processus de sédimentation : il compile et unifie tout un ensemble de réflexions stratégiques, dues à plusieurs auteurs.
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