De l’impossible gentillesse dans l’exercice du pouvoir
En accordant sa confiance à Jérôme Cahuzac, son ministre du Budget, François Hollande a montré qu’en politique, être vertueux pouvait être dangereux. Explications avec Machiavel en habit de spin doctor.
Durant la dernière campagne présidentielle qui l’a porté au sommet de l’État, François Hollande s’est démarqué de son bouillant et agressif adversaire en promouvant les vertus apaisantes de la bonhomie, de la simplicité et de la gentillesse. On se souvient qu’à la puissance inégalitaire de la finance, il opposait un « J’aime les gens » presque désarmant. Il s’est même affiché en train de feuilleter l’ouvrage d’Emmanuel Jaffelin Éloge de la gentillesse (François Bourin Éditeur, 2011). On pouvait alors légitimement croire à « la force du gentil » (titre d’un livre de Marie-Ève Malouines sur le candidat, Lattès, 2012). Mais la grande leçon de Machiavel, auteur du Prince au début du XVIe siècle, est qu’en politique, il faut se méfier de la vertu tout autant que du vice. « Un homme qui voudrait en tout point faire profession d’être bon, écrit-il, il faut bien qu’il aille à sa ruine, parmi tant d’autres qui ne sont pas bons [suivez notre regard]. Aussi est-il nécessaire à un prince, s’il veut se maintenir, d’apprendre à pouvoir ne pas être bon, et d’en user et ne pas en user selon la nécessité » (chapitre XV). Il y a des moments où il faut effrayer plutôt qu’être aimé, paraître avare plutôt que généreux, cruel que clément, être tour à tour charmeur et brutal : « Il est nécessaire à un prince de bien savoir user de la bête et de l’homme » au gré des circonstances.
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