Je pense donc je suis (seul)
Des Grecs à l’après-68 en passant par la chrétienté, le constat semble quasi unanime parmi les philosophes : la famille est ce qui empêche la vie authentique. Ce n’est pas le peuple majoritaire des célibataires qui les contredira.
« Dans tous les cas, mariez-vous. Si vous tombez sur une bonne épouse, vous serez heureux. Si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez philosophe, ce qui est excellent pour l’homme. » Sans doute faut-il être Socrate, le plus sage des hommes, pour faire du fardeau conjugal une épreuve heureuse. De Platon à Deleuze, la quasi-totalité des philosophes auraient plutôt tendance à reprendre en chœur la sentence de Gide : « Familles, je vous hais ! » Principal chef d’accusation : la famille est un obstacle au déploiement de la liberté de penser. Orphelins ou célibataires endurcis pour la plupart (lire encadré p. 44), les philosophes ne sont pas tendres avec elle. De l’Antiquité à l’après-Mai 1968, les griefs s’accumulent et se déclinent, au gré des représentations sociales que la famille véhicule, mais tous viennent renforcer le verdict : il faut se révolter contre elle pour construire une vision du monde forte et authentique.
La quête solitaire de la vérité
Dans l’Antiquité, l’objectif du philosophe est de parvenir à l’autonomie, de trouver la paix en lui-même. Le sage doit s’efforcer d’atteindre l’impassibilité, qu’on nomme aussi ataraxie. Pour cela, il est indispensable de se maintenir à bonne distance de l’agitation de la Cité, mais aussi des divers petits soucis et tracas inhérents au foyer. Si tous les philosophes grecs ne sont pas célibataires, ils passent plus de temps sur l’agora, à dialoguer et nouer des amitiés (toujours philosophiques, éventuellement érotiques), qu’auprès des leurs. Après l’arrivée du Christ, le célibat va prendre une importance plus aiguë et devenir le tremplin des élans mystiques : renoncer à la famille devient la condition d’un compagnonnage authentique avec Dieu. Promesse d’une confrontation sans concession à l’absolu, ce rejet est un choix de vie fondateur, formulé par saint Luc dans les Évangiles : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »
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