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John Truby. Les lois de la narration

John Truby, propos recueillis par publié le 17 janvier 2017 12 min

Son nom apparaît rarement au générique des blockbusters, mais John Truby est l’un des script doctors les plus réputés de Hollywood. Il a “réparé” le scénario de près de deux mille films ou séries pour les plus grands studios. Pour cet ancien étudiant en philosophie, les fictions, de l’Odyssée d’Homère à “Breaking Bad”, obéissent à des règles immuables, qu’Aristote, Nietzsche et Hegel avaient déjà repérées.

Nous vivons dans un monde où le storytelling, ou l’art de raconter des histoires, est devenu roi. Tout le monde se raconte sur les réseaux sociaux, les entreprises transforment leurs trajectoires en épopées, les personnalités publiques se confessent à longueur d’interviews… Complaisance ? Narcissisme ? Publicité ? Pas seulement. L’art de raconter est l’un des plus anciens de l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas un hasard si les séries télévisées tiennent en haleine des millions de spectateurs, largement grâce à la qualité de leurs scénarios, comme l’avaient fait au XIXe siècle les romans-feuilletons ou, dans l’Antiquité, la geste homérique. Or, il n’est pas facile de construire une bonne histoire. Nous avons demandé à un as du storytelling de nous éclairer sur les règles de cet art.

John Truby vit à Los Angeles. Il est diplômé en philosophie de l’université de Princeton. C’est un auteur et consultant en scénario qui a enseigné sa méthode unique à plus de 50 000 étudiants du monde entier. Il a été script doctor sur plus de 1 800 films, sitcoms ou séries pour des studios comme Disney, Universal, Sony Pictures, Fox, HBO, Studio Canal, Paramount, BBC ou MTV. Là où la plupart des gourous hollywoodiens se contentent de la structure en trois actes héritée d’Aristote, Truby détaille jusqu’à vingt-deux étapes nécessaires à l’élaboration d’une bonne histoire. À la fois praticien et théoricien de la narration – cinématographique en particulier –, il nous offre un point de vue unique sur les raisons pour lesquelles certaines histoires ont notre préférence. La narration est un artisanat qui, avant de pouvoir prétendre à l’art, exige le respect de lois immémoriales que John Truby a rassemblées scientifiquement dans son Anatomie du scénario (nouvelle édition, Michel Lafon, 2017).

 

 

Raconter une histoire – en littérature, au théâtre ou au cinéma – obéit selon vous à des principes universels. Une bonne histoire, c’est d’abord une question d’« anatomie » ?

John Truby : Oui, une bonne histoire doit avoir une ligne de désir claire, celle d’un héros qui poursuit un but défini, affronte pour y parvenir une série de situations ou de rebondissements, que l’on nomme intrigue, et qui sont autant de tests moraux auxquels il répond en agissant bien ou mal, jusqu’à la prise de conscience finale, qui marque sa transformation intime, et, idéalement, offre au public un moment de révélation profonde.

 

Cette description paraît très américaine. En France, par exemple, l’idée d’un « désir clair » nous semble parfaitement illusoire, fictive, en un mot : hollywoodienne.

Hollywood privilégie la « ligne claire » du désir. Un but bien défini est la condition de toute histoire populaire. Regardez, par exemple, Il faut sauver le soldat Ryan [Steven Spielberg, 1988]. Mais le cinéma n’est pas la vie : la fiction est toujours une stylisation.

 

« Un bon personnage, c’est une faiblesse psychologique et morale, un besoin, qui s’incarne ensuite par un désir, un but défini, dans un univers qui symbolise le même problème »

Un bon personnage, c’est quoi ?

C’est l’incarnation d’un problème à la fois psychologique et moral. Prenez Vertigo, d’Alfred Hitchcock [Sueurs froides, 1958]. Tout est dit dans le titre : Scottie [James Stewart], le héros, est un ancien policier sujet au vertige. C’est un problème à la fois psychologique, et, dans son cas, moral, car ce vertige est une métaphore de son incapacité à faire confiance aux autres. C’est là le vrai thème du film. Dans une fiction, les personnages ne sont pas vraiment des personnes. Et le monde autour d’eux n’est pas non plus « le monde », mais « leur » monde. L’univers du récit n’est que l’extension et l’expression du personnage, ce que T. S. Eliot [1888-1965] appelait son « corrélat objectif ». Ce sont de bien grands mots pour dire que, dans une fiction, tout fait sens, rien n’est là par hasard, tout symbolise, tout exprime le problème moral qu’affronte le personnage principal. Un bon personnage, c’est une faiblesse psychologique et morale, un besoin, qui s’incarne ensuite par un désir, un but défini, dans un univers qui symbolise le même problème, où des adversaires attaquent la faiblesse majeure du héros jusqu’à un point de rupture qui fait naître une prise de conscience et un changement profond, un nouveau code moral – ou pas !

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