Le dissident chinois Ai Weiwei retrouve la liberté de voyager

L’artiste dissident Ai Weiwei annonce via son compte Instagram avoir récupéré son passeport. Les autorités chinoises lui ont rendu mercredi 29 juillet, après qu’il en a été privé pendant quatre ans, lui interdisant tout voyage.

Il lui avait été retiré lors de son arrestation à l’aéroport de Beijing et de sa détention secrète, en 2011. Les autorités sont « imprévisibles, leurs raisons et leur logique sont imprévisibles » déclarait Ai Weiwei, accusé d’évasion fiscale. Il avait alors perdu tous les pourvois en appels contre ce contrôle fiscal, devant s’acquitter d’une amende de plus d’un million de dollars. En dépit de cette tentative des autorités chinoises de museler l’artiste en lui ôtant la liberté financière de travailler, Ai Weiwei n’a cessé d’organiser des expositions internationales majeures, auxquelles il ne pouvait pas assister.

Pratiquant « l’art-ivisime », Ai Weiwei a détourné artistiquement ce contrôle des libertés contre ses instigateurs. En multipliant les témoignages par tous les biais, documentant les dérives de cette société de contrôle et les diffusant sur Internet, il ouvre la voie à une « dissidence numérique », retournant les caméra de cette société contre elle-même, faisant du surveillant un surveillé sur la scène mondiale. 

Il a notamment présenté à la Biennale de Venise, en mai 2013, une œuvre intitulée S.A.C.R.E.D., constituée de six « dioramas », des énormes caissons contenant une reconstitution en volume des scènes de détention qu’il a subies, observables par une mince ouverture percée dans une paroi de fonte.

Dès le 19 septembre prochain, la Royal Academy of Arts à Londres accueillera une importante exposition retraçant vingt années du travail de l’artiste. Pourra-t-il assister à son vernissage? Pour la première fois depuis quatre ans, il est permis de l’espérer.

^{Ai Weiwei dialogue avec Tim Marlow. Une vidéo enregistrée au studio d’Ai Weiwei à Beijing.}