Isabelle Saint-Mézard : “La Chine et l’Inde sont rentrées dans une phase de rivalité ouverte”
Après les escarmouches du printemps 2020, l’Inde et la Chine rentrent dans une nouvelle étape de leur bras de fer frontalier, avec le déploiement côté indien d’au moins 50 000 soldats le long de la frontière chinoise. Nous avons posé quelques questions à la chercheuse Isabelle Saint-Mézard, chercheuse à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et spécialiste des questions stratégiques et de sécurité en Inde.
Quelle est la raison du récent renforcement de la présence militaire indienne à la frontière chinoise, au moins 50 000 soldats d’après le site d’informations américain Bloomberg ?
Isabelle Saint-Mézard : L’Inde et la Chine ont vécu au printemps 2020 leur plus grave crise frontalière depuis plus de trente ans. Les escarmouches qui sont survenues entre les régions du Ladakh et de l’Aksai Chin ont entraîné la mort de soldats (vingt côté indien et officiellement quatre côté chinois) et conduit alors les deux voisins à déployer chacun près de 50 000 hommes supplémentaires sur les zones frontalières. Ces heurts ont clairement constitué un jalon : les relations sino-indiennes étaient jusqu’alors tendues ; elles sont désormais entrées dans une phase de rivalité ouverte, avec, à la clé, une remilitarisation des zones frontalières ; l’enjeu consiste à y tenir le terrain en évitant autant que possible les escarmouches, voire un basculement dans le conflit armé, chose que ni Pékin ni New Delhi ne veut. Depuis le printemps 2020, les deux parties ont mené plusieurs rounds de négociations pour retirer leurs troupes et revenir à la situation préalable. Mais elles ont eu beaucoup de mal à progresser et, même sur les sites censés avoir fait l’objet d’un retrait de troupes, la plus grande méfiance perdure. En pratique, la partie indienne estime que la Chine ne tient pas ses engagements et qu’elle doit se préparer à devoir tenir le terrain à long terme. En ce sens, le renforcement militaire opéré par l’Inde n’a rien d’étonnant. Il faut aussi garder en mémoire que jusqu’alors l’Inde concentrait ses forces d’abord sur le front pakistanais. Mais les événements de 2020 ont convaincu dirigeants et chefs militaires en Inde que la plus grande menace venait désormais du côté chinois et qu’il fallait y faire face de façon urgente, quitte à temporiser avec le Pakistan.
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