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Narewka (Pologne), le 9 novembre 2021. Dans les bois près de la frontière Pologne-Bélarus, une famille kurde originaire de Dohuk (Irak) attend la police des frontières. Repoussés huit fois vers le Bélarus, elle témoigne avoir été battue et intimidée par les forces de Loukachenko accompagnées de chiens. © Wojtek Radwanski/AFP

Entretien

Gerald Knaus : “Le fait même que l’UE considère l’arrivée de quelques milliers de migrants comme une attaque est une tragédie”

Gerald Knaus, propos recueillis par Arthur Hannoun publié le 09 décembre 2021 6 min

Alors que la crise en Biélorussie avait atteint son pic il y a quelques semaines, nous avions sollicité Gerald Knaus, chercheur en sciences sociales et auteur de l’ouvrage De quelles frontières avons-nous besoin ? (2020), pour éclairer le phénomène migratoire et son instrumentalisation géopolitique aux frontières de l’Europe. Pour désamorcer les tensions de tous bords, le chercheur autrichien propose une solution fondée sur des accords entre l’Union européenne et les pays frontaliers, à l’instar de ceux qui ont été conclus avec la Turquie en 2016.

 

Que pensez-vous des évènements qui ont eu lieu en Biélorussie au cours des dernières semaines ?

Gerald Knaus : La situation est tragique, à tous les niveaux. Le nombre de personnes actuellement bloquées à la frontière polonaise est relativement faible, comparé à d’autres mouvements d’immigrations massifs depuis le début de l’année ; et pourtant cette crise est l’une des plus graves que l’Union européenne ait jamais connue à ses frontières. Le dictateur biélorusse Loukachenko a exposé aux yeux du monde l’écart entre les lois européennes et leur application aux frontières. Aujourd’hui, 27 membres de l’Union européenne soutiennent la Pologne, qui a décrété en octobre dernier une loi visant à rejeter le principe de « non-refoulement » aux frontières. Le refoulement des migrants en dehors du pays n’est pas seulement un principe théorique et légal : c’est devenu une réalité, d’autant plus problématique que les traitements – de l’autre côté de la frontière – sont inhumains ! D’une certaine manière, Alexandre Loukachenko n’a pas tort quand il dit que l’Europe est co-responsable. Le dictateur biélorusse reste tout de même le premier responsable, le premier coupable. Il a attiré des migrants en leur faisant croire à des chimères. La Biélorussie a même gagné de l’argent, les voyages étant organisés par des agences du pays. Arrivés à la frontière, le pouvoir les menace, les maltraite, les pousse à la frontière avec la Pologne. La Biélorussie ne reconnaît aucune liberté de la presse ; la Pologne refuse la présence de journalistes à la frontière.

 

Que pensez-vous de la position tenue par l’Europe tout au long de cette crise ?

La réponse de l’Union européenne devrait montrer qu’ils prennent leurs lois au sérieux, et respectent les engagements de Schengen (qui régule les mouvements aux frontières). Car en théorie, sur le plan juridique, tout est très clair ! La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés énonce précisément leurs droits et le rapport à leur dignité. Il existe des procédures et des lois que l’on s’était engagé à appliquer en pareilles occasions, et qui ne comportent aucune ambiguïté. Des principes que tout le monde connaît et que personne n’applique. Comment le justifient-ils ? Par plusieurs mécanismes aussi dangereux qu’efficaces, à commencer par un vocabulaire tout particulier. On évoque cette crise comme une « guerre », dans laquelle Loukachenko utilise les migrants comme des « armes » pour mener son « attaque » contre l’Union européenne. Un vocabulaire très dur, donc, que l’on n’entendait encore il y a quelques années que dans la bouche du premier ministre hongrois Viktor Orbán (automne 2015) ou du côté du parti allemand d’extrême droite. Cet « État d’urgence » que l’on a déclaré justifie ainsi que l’on limite les droits des ONG à apporter une aide humanitaire, et ceux des médias à couvrir les évènements sur place. Tout ceci, encore une fois, étant justifié par le fait qu’on considère cette crise comme une attaque. Le fait même que l’Union européenne considère l’arrivée de quelques milliers de migrants comme une « attaque », comme une « invasion », comme quelque chose qui justifie la suspension des droits fondamentaux des individus, est à la fois une tragédie politique et une profonde crise morale.

Traduit par Arthur Hannoun
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