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Un char CM-11 Brave Tiger fait feu pendant l'exercice militaire annuel taïwanais de Han Kuang, le 30 mais 2019, qui simule une invasion chinoise de l’île. © Tyrone Siu/Reuters

Entretien

François Heisbourg : “La guerre est redevenue l’horizon incontournable de nos sociétés”

François Heisbourg, propos recueillis par Nicolas Gastineau publié le 10 janvier 2022 8 min

François Heisbourg est un ancien diplomate, passé par la représentation permanente de la France à l’ONU et le ministère de la Défense. Il a récemment fait paraître un livre inquiétant, Retour de la guerre (Odile Jacob, octobre 2021). Devons-nous vivre dans la perspective d’une nouvelle guerre froide ou d’un conflit armé entre grandes puissances (Chine, Russie, États-Unis) ? Pour le savoir, nous l’avons interrogé.

 

Votre livre s’intitule Retour de la guerre. Cela suppose que la guerre s’était retirée de nos sociétés ?

François Heisbourg : Effectivement, elle s’était repliée. Au cours des trois dernières décennies, nous avons vécu une période exceptionnellement peu guerrière et beaucoup moins meurtrière que les précédentes, même en comparaison avec la guerre froide. Bien sûr, ça ne veut pas dire nous étions absolument en paix, entre les guerres des Balkans, l’Irak, le 11-Septembre, al-Qaïda et Daech. Mais à l’échelle des temps historiques, c’était une relative embellie. Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase.

 

Cette nouvelle phase serait structurée, écrivez-vous, autour de la rivalité entre la Chine et les États-Unis. Va-t-on assister, au XXIe  siècle, à une nouvelle guerre froide entre ces deux puissances ?

Non, mais je crains que ce soit pire. Pour ses protagonistes, la guerre froide était justement une guerre… froide. Les États membres du Pacte de Varsovie comme ceux de l’Otan n’ont pas connu, sur leur sol, la guerre ouverte, traditionnelle et létale. Entre les États-Unis et la Chine, je m’inquiète plutôt du retour de la guerre chaude. Un éditorialiste du Financial Times, Gideon Rachman, a fait une extrapolation : l’année 2022 pourrait être « l’année des trois guerres », la guerre en Ukraine, la guerre de Taïwan et la guerre d’Iran. Je ne joue pas à Madame Irma, mais le fait est qu’il peut y avoir congruence de conflits. 

“Il y a un casus belli évident : l’existence de Taïwan, qui est inacceptable pour Pékin mais dont la disparition est considérée comme inacceptable par les États-Unis”
François Heisbourg

 

Je vous cite : « Ce qui commence à se dessiner entre la Chine et les États-Unis est plus volatil, plus lourd de risque de guerre ouverte que ne l’était la Guerre froide. » Pourquoi ?

Pour plusieurs raisons. D’abord, la faiblesse actuelle du système de l’ONU. Le fait est que, même au plus fort de la guerre froide, l’Union soviétique et les États-Unis partageaient quelques référentiels communs, dont les Nations unies étaient un élément central. Or ce système s’affaiblit tous les jours davantage. On a vu que même face à des défis mondiaux – la pandémie en a été un exemple spectaculaire –, le réflexe naturel des grandes puissances n’a pas été collectif. Alors même que le virus était, si je puis dire, idéologiquement neutre par rapport aux différentes sociétés de la planète. Le deuxième élément est que les deux protagonistes ne partagent pas la même vision de l’organisation de leurs soutiens. Les États-Unis comme l’Union soviétique travaillaient à partir d’un système d’alliances, l’Otan et le Pacte de Varsovie. La Chine, elle, n’a pas d’alliés, elle n’a pas de système d’alliance et en récuse la notion même. Il y a bien le Pakistan, mais leur relation est extrêmement inégale. Pour le reste, elle n’a que des subordonnés et ne travaille pas à un réseau d’alliances entre puissances bien identifiés et, au moins nominalement, égales en droits et en devoirs. Or une alliance, cela oblige et pour cette raison, cela offre une forme de lisibilité et de stabilité au système international. Le troisième élément est qu’il y a un casus belli évident, l’existence de Taïwan, qui est inacceptable pour Pékin mais dont la disparition est considérée comme inacceptable par les États-Unis. En un mot, l’équivalent fonctionnel de Cuba pendant la guerre froide, mais sans système d’alliance et avec un ordre onusien extrêmement affaibli.

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