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« Love Actually » avec entre autres, Hugh Grant et Martine McCutcheon.  © 2003 Universal Studios

La petite question

"Love Actually" a 20 ans : pourquoi aimons-nous (toujours) les comédies romantiques ?

Louise Coquillat publié le 23 novembre 2023 3 min

On connaît par cœur l’histoire avant même d’avoir vu le film : deux êtres que tout oppose vont se rencontrer par hasard à un repas de Noël puis décider de s’aimer pour le restant de leurs jours… Mais alors, si les comédies romantiques nous racontent toujours la même histoire, pourquoi est-ce qu’on aime quand même les regarder ?

 

  • Car nous en apprenons plus sur la nature humaine. Dans les comédies romantiques, l’histoire d’amour n’est rendue possible qu’à la condition que chacun des deux protagonistes accepte l’autre tel qu’il est, en dépit de leurs différences. La très libre mais maladroite Bridget Jones doit se rendre à l’évidence qu’elle aime le très coincé Mark Darcy. Accepter l’autre, mais aussi accepter d’être modifié, transformé par cette rencontre avec autrui. Pour le philosophe américain Stanley Cavell, il s’agit là d’une reconnaissance de l’autre : à travers la conversation – ou la dispute –, les personnages de comédie romantique apprennent à faire avec l’autre et à le reconnaître comme leur égal. La comédie romantique nous donne donc accès à une forme d’humanité, et nous met sur la voie d’un progrès épistémologique et moral. Être amoureux, c’est finalement reconnaître le monde tel qu’il est, s’accepter soi et accepter l’altérité.
  • Parce que si les happy ends sont des clichés, cela ne les empêche pas d’être porteurs d’une certaine vérité. Le happy end de la comédie romantique n’est pas seulement un topos cinématographique, qui clôture le film dans une bonne dose de paillettes roses et de musique kitsch. Il a une valeur en soi, et nous souhaitons véritablement qu’il advienne. Le spectateur a envie de voir Romain Duris et Vanessa Paradis s’avouer enfin qu’ils s’aiment après 1h45 de quiproquos et de rebondissements. Pour Alain Badiou, qui renoue avec une vision platonicienne de l’amour dans son Éloge de l’amour, ce happy end constituerait un réel moment de vérité dans lequel on passe du hasard au destin : « Déclarer l’amour, c’est passer de l’évènement-rencontre au commencement d’une construction de vérité. » Ce que nous aimons dans les comédies romantiques, c’est que, le plus souvent, deux individus qui n’ont rien en commun parviennent à hisser leur rencontre hasardeuse dans un aéroport ou une gare au rang de destin. Et le happy end nous offre le spectacle de cet aveu plein de trac qui transcende tout le reste.
  • Parce que leurs schémas narratifs se ressemblent, certes, mais sans être identiques. Les héros et héroïnes de comédies romantiques doivent sans cesse se re-déclarer leur flamme, refaire, répéter, se voir et se revoir une fois, deux fois, trois fois… Le Danois Søren Kierkegaard ne voit aucune redondance dans la répétition infinie de ces épisodes amoureux : il y perçoit au contraire la formulation par le sujet d’une vraie décision intérieure. Dans La Répétition (1843), Kierkegaard exprime son désir de retrouver la femme qu’il a quittée, Régine, et donc de répéter ce premier amour tout en l’intensifiant. La demande en mariage qu’il souhaite faire à Régine est une reprise de leur premier amour, mais une reprise qui augmente cet amour. Tout ce qu’il y a de répétitif dans nos relations amoureuses provient de la décision des sujets d’approfondir et d’intensifier ces relations. Il en va ainsi de Phil Connors dans Un jour sans fin (Harold Ramis, 1993) qui revit éternellement la même journée avant de parvenir à dire à Rita qu’il l’aime. Dans les comédies romantiques, ce ne serait donc pas tant le happy end qui nous intéresse, mais surtout la manière d’y arriver : combien de fois doit-on répéter les mêmes gestes amoureux avant d’être un couple ?
  • Parce que nous avons un rapport esthétique à nos propres histoires d’amour. Dans la vie aussi, nous scénarisons nos histoires d’amour : on se rappelle avoir rencontré telle personne à tel endroit, éclairée par tel lampadaire dont la lumière se reflétait sur sa peau maquillée de telle façon… La personne que l’on aime apparaît dans un cadre. Comme au cinéma, elle entre dans le champ, dans un ensemble, dirait le philosophe Gilles Deleuze. On ne désire pas telle personne, mais l’ensemble de cette personne et d’un paysage ou d’un rayon de soleil. En somme, c’est peut-être cela que nous apprécions, plus globalement, dans les films d’amour : parce qu’ils esthétisent une rencontre amoureuse, ils nous rappellent que désirer quelqu’un, c’est en quelque sorte voir cette personne comme dans un film.
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