Sophie Galabru : “On ne pense pas seul, on pense avec…”
Elle est essayiste, spécialiste de Levinas et prof dans un lycée de la banlieue parisienne. Initier à la philosophie, c’est son métier. Comment le pratique-t-elle ? En leur montrant que les affects, l’intuition et les sentiments ont droit de cité dans la pensée aux côtés de la raison.
C’est la question rituelle de ce numéro : comment avez-vous découvert la philosophie ?
Sophie Galabru : En arrivant en première au lycée, j’avais une curiosité et une envie de philosophie – 16 ans, un tas de problèmes à régler, elle m’est apparue comme une bouée de sauvetage. L’été avant mon entrée en terminale, n’y tenant plus, je me suis acheté la Critique de la raison pure, de Kant. J’en ai lu quelques pages et je n’ai rien compris !
Cela ne vous a pas découragée ?
Non, au contraire ! Je sentais que ce grand texte était plein d’intelligence. J’étais persuadée de trouver dans la philosophie quelque chose de profondément signifiant que je parviendrai à décrypter à force de ténacité. Au fond, j’étais sensible à une atmosphère où la question du sens est cruciale, où la recherche de la vérité est essentielle, où je me sentais invitée à poser un problème, à le considérer comme une chose normale, sérieuse, intéressante et susceptible de conduire à une solution. Et des solutions, à l’époque, je rêvais d’en trouver pour régler mes nombreux problèmes existentiels ! Avec le recul, je m’aperçois que j’entretenais avec les textes philosophiques le même rapport qu’avec des textes poétiques.
Le philosophe Louis Lavelle remarquait qu’il y a entre philosophie et poésie « une affinité secrète et une hostilité secrète », vous étiez plutôt du côté de l’affinité ?
Il y a des affinités, bien sûr. Pour moi, la poésie peut parfaitement accepter une adhésion purement sensible, intuitive et parfois confuse à ses textes. J’avais exporté cette approche à la philosophie : j’adhérais à un texte sur un critère plus sensible qu’analytique ! Mais cela a changé en grandissant. Et puis mon année de terminale a été marquée par une rencontre avec une professeure. J’ai eu la chance d’avoir des cours de soutien avec une doctorante qui réalisait sa thèse sur Emmanuel Levinas. Elle m’a fait partager sa passion au point de m’entraîner dans un colloque – c’était à l’Unesco en 2006 – sur Levinas et Blanchot. Ça a été le coup de foudre. Pour une raison que j’ignore, le langage des lévinassiens avait quelque chose de plus évident et de plus clair que celui de Locke ou de Hegel. Ça ne s’explique pas, c’est une question de sensibilité. Au fond, je pense qu’il y a des langages qui nous affectent plus que d’autres. Et le fait est qu’en sortant de ces conférences, je me suis juré de faire ma thèse autour de la pensée de Levinas. Vous parliez d’affinité !
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