Dictionnaire philosophique (3e édition)

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

De tous les ouvrages qu’il a écrits, c’est celui qui est le plus cher au cœur d’André Comte-Sponville. C’est aussi le plus monumental, avec près de 1 500 pages qui couvrent pas moins de 2 267 entrées. Et il s’agit bien d’un « dictionnaire philosophique » et non d’un dictionnaire de philosophie, puisque l’auteur entend s’impliquer personnellement dans les définitions qu’il propose : « Mon propos, explique-t-il, n’était pas de faire œuvre historienne ou érudite, mais au contraire d’exposer ma pensée. »

Parmi les 600 nouvelles entrées de cette édition enrichie, on en retrouve donc certaines qui montrent sa sensibilité pour la philosophie orientale avec les définitions de l’« ainsité » (le silence qu’impose l’expérience du réel) ou du « ren » (la vertu d’humanité selon le confucianisme). D’autres correspondent aux dernières tendances de la philosophie contemporaine, comme celles qui concernent l’« Anthropocène », le « soin » ou la « démocrature ». Des entrées inattendues surgissent également, par exemple lorsque Comte-Sponville dit du « fantôme » qu’il « n'existe que pour ceux qui y croient, qui sont punis, le cas échéant, par la peur qu'ils en ont », ou quand il écrit à propos du « savoir-vivre » : « On peut bien “apprendre à vivre”, comme disent Montaigne et Aragon, mais cet apprentissage, toujours personnel et inachevé, ne se transmue jamais en un savoir, que l'on pourrait transmettre. » Comme ce dictionnaire en quelque sorte, qui cherche moins à transmettre un savoir qu’à multiplier les occasions de penser.

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