Je reste roi de mes chagrins
Une recension de Catherine Portevin, publié le« Quelqu’un s’apprête à raconter sa vie dont il dit pourtant qu’elle pourrait aussi bien être celle de n’importe qui. » Sans ce récit, ce miroir tendu, nulle vie n’est intelligible à celui qui la vit. « Qu’est-ce qu’une vie, sa vie ? » est la question philosophique du « To be or not to be » d’Hamlet. Elle est celle, immémoriale, que reprend le romancier Philippe Forest. La scène se déroule en Angleterre en 1954 : sir Winston Churchill pose pour le peintre Graham Sutherland. Celui-ci doit réaliser le portrait du grand homme pour son quatre-vingtième anniversaire. Churchill sera horrifié par le tableau, qui fera scandale au Parlement. De cet épisode fameux outre-Manche, Philippe Forest fait un drame shakespearien. Il tisse finement, par une extraordinaire mise en abyme, Shakespeare, la scène du théâtre, les acteurs, les spectres, l’histoire, la peinture, et lui-même en narrateur, ou choryphée, ou spectateur, commentant la pièce qu’il écrit en un roman en quatre actes, intermèdes, prologue et épilogue, lever et tomber de rideau. Et cette mise en abyme ouvre les abîmes où palpitent des cœurs blessés. « Je reste le roi de mes chagrins » : ce que dit le Richard II de Shakespeare dépouillé de sa couronne pourrait être prononcé par le vieux Churchill inconsolé du deuil enfoui de sa fille, ou par le peintre proscrit ayant perdu lui aussi un fils, ou par Philippe Forest dans le « récit ressassé » de la mort de son enfant « qui reste pourtant éternellement à raconter ». Et chacun pourra dire en l’écoutant : « Je suis cet homme, il est ce que je suis. »
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