La jalousie : Une géometrie du désir

Une recension de Martin Duru, publié le

Pierre n’a aucune appétence pour Jeanne. Mais un certain Rodrigo convoite la jeune femme. Retourné par l’irruption d’un rival, Pierre s’embrase ; il est amoureux. Voici, résumée à (très) gros traits, la théorie du désir mimétique de René Girard : le désir d’un sujet pour un objet n’est jamais spontané, mais toujours éveillé et copié sur celui d’un tiers (le « médiateur », ici Rodrigo). C’est cette théorie étendard de la pensée girardienne que Jean-Pierre Dupuy, proche de l’Académicien disparu, soumet à une critique aussi bienveillante que serrée. L’auteur pointe l’absence paradoxale du concept de jalousie dans l’œuvre de son inspirateur, avant d’en proposer sa conception. La jalousie selon Dupuy est une « structure » qui fait l’économie de toute médiation ou de toute imitation du désir ; elle survient lorsqu’un sujet souffre de se sentir exclu d’un « monde clos » auquel il aimerait appartenir. L’ouvrage, à n’en pas douter, créera du remous dans les cercles girardiens. Mais les références sont suffisamment variées – de la pub Nespresso avec George Clooney aux incontournables Shakespeare et Proust – pour que le non-initié s’y retrouve, sans éprouver une forme d’exclusion (de jalousie, donc).

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