La Naissance d’un père

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Cinq. Cinq enfants, et « je ne l’ai même pas fait exprès », ajoute d’emblée leur père. Alexandre Lacroix, que l’on pourrait croire principalement occupé à diriger la rédaction de Philosophie magazine, l’éprouve depuis bientôt vingt ans : « Mes enfants auront été ma vie d’adulte, la paternité mon destin. » De ce qui simplement arrive, les Modernes ne savent plus tirer des cosmogonies, des tragédies ou des épopées. À l’heure des gestations programmées, raconter la paternité comme amor fati, comme manière de « renoncer à la maîtrise » et de « s’en remettre aux décrets du monde », a quelque chose d’éternel et de désuet, qui fait le prix du livre d’Alexandre Lacroix. Si les écrivains et intellectuels restent discrets sur leur progéniture, c’est sans doute qu’écrire sur ses enfants engage plus que soi-même, un soi « agrandi » dont les contours ne peuvent se saisir que par les détails du quotidien. Car être parent, c’est certes la conflagration de la naissance, mais aussi les nuits sans sommeil, les couches à changer, l’appartement trop étroit, les petits pots à réchauffer, l’obstination de la cadette, les ruses délicieuses du benjamin, le chagrin de l’aîné, les inquiétudes, les maladies, les discussions, les émerveillements… C’est la vie.

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