Le Concept d’ambiance
Une recension de Martin Duru, publié leElle peut être paisible, chaleureuse, studieuse, mélancolique, pesante, angoissante… On dit d’elle, aussi, qu’elle est vague, indéfinissable. Elle, c’est l’ambiance. Cerner cette notion a priori diffuse, tel est l’objectif de Bruce Bégout dans cette somme appelée à devenir une référence. Pour entrer dans l’ambiance, le philosophe se donne une clé : la méthode phénoménologique. En phénoménologie, il s’agit toujours de décrire les choses telles qu’elles se manifestent, se montrent d’elles-mêmes. Mais le sujet de l’étude suppose une démarche encore plus précise : il faut considérer ce qui apparaît « à partir de son inscription dans un environnement donné » – voilà pourquoi Bégout dégaine le terme d’« éco-phénoménologie ». La particule « éco- » renvoie ici à l’idée d’un « milieu » primordial auquel revenir. Or l’ambiance « forme le dôme invisible sous lequel se déroulent toutes nos expériences ».
Quels sont, dès lors, ses traits essentiels ? L’ambiance est un « air », une « présence » qui imprègne une situation et suscite certains sentiments. Elle nous happe, et les émotions nous submergent – une rue déserte la nuit, et la peur nous envahit… Selon Bégout, l’homme est un animal atmosphérique qui sent les vibrations de « l’Autour ». S’il débouche sur une nouvelle anthropologie, le concept d’ambiance bouscule aussi les catégories de l’espace et du temps. Vaporeuse, l’ambiance n’a pas vraiment de dimensions ou de frontières, contrairement à l’espace géométrique ; avec sa manière de se répandre, d’évoluer et de s’évanouir, elle se dérobe au temps linéaire et homogène.
Si elle dicte ses conditions, l’ambiance fait-elle de nous des êtres purement passifs, captifs de son je-ne-sais-quoi ? Non, car elle a le pouvoir de nous faire (ré)agir, d’inspirer des comportements possibles. Bégout distingue deux cas : soit nous nous abandonnons à une ambiance plutôt positive – en « se lâchant » dans une fête, par exemple –, soit nous lui résistons quand elle oppresse – ainsi en quittant un rassemblement qui dégénère… Tout du long, ce livre aussi ambitieux qu’exigeant – comme souvent en phénoménologie, le retour aux choses mêmes, pour reprendre le mot d’ordre fondateur de Husserl, s’avère particulièrement complexe – déroule la même thèse : les ambiances nous constituent, au fondement de ce que nous pensons et faisons. Le rapport premier au monde n’est ni théorique ni pratique ; il obéit à une logique d’immersion ou d’« inhérence » totale. Pris dans et par les ambiances, faisant l’expérience d’une « dissolution océanique du soi dans le tout », nous sommes d’emblée embarqués et englobés – sous cloche.
Voici un philosophe qui a enfin trouvé « son » concept. Celui qu’il explorait depuis des années sans l’avoir encore vraiment formulé en tant que tel…
Où commence et où finit ce qui est proche ? Pour définir ce terme, le philosophe Bruce Bégout souligne l’importance de notre position dans le monde concret. Et il met en garde : attention à ne pas faire du proche un absolu qui nous…
Le philosophe Bruce Bégout a passé une semaine en immersion dans des aéroports internationaux, poursuivant son exploration des non-lieux du…
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