Le Grand Vertige

Une recension de Alexandre Lacroix, publié le

Est-il possible d’écrire un roman global, dont l’intrigue parcoure les cinq continents, à propos de la recherche d’une solution au réchauffement climatique ? Tel est le défi que s’est donné Pierre Ducrozet, qui, dans son précédent opus, L’Invention des corps (Actes Sud, 2017), s’était attaqué au transhumanisme et que l’actualité inspire.

Mais la philosophie également ! Car le personnage central du Grand Vertige, à la fois maître à penser et gourou, nommé à la tête d’une mystérieuse commission internationale, a une particularité : il ressemble à un décalque de Bruno Latour, le penseur français actuellement le plus lu à l’étranger. Comme Bruno Latour, Adam Thobias « veut des nouvelles cartes et des nouveaux récits pour pouvoir agir ensuite ». C’est pourquoi il envoie des jeunes gens, esprits frondeurs, chercheurs excentriques, sillonner les lieux les plus improbables pour échafauder cette autre cartographie. Parmi eux, un jeune botaniste qui trouve la solution : si nous voulons continuer à proliférer sans endommager la Terre, il nous faut devenir arbres… « Il faut être autophage comme les plantes. Nous devons inventer notre manière de saisir l’énergie du soleil sans intermédiaire, sans devoir passer par tous ces échelons qui l’ont, eux, ingérée. Nous devons manger le soleil. » N’est-ce pas lumineux ?

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