Le succès de l'imposture

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Il y a quelque chose de pourri au royaume de l’imposture. Si, à commencer par les métamorphoses de Zeus, les histoire d’usurpateurs nous ont toujours fascinés, c’est qu’elles renvoient à notre propre sentiment d’imposture primordiale : jamais assuré de qui nous sommes, rappelle la psychanalyste Alice Massat dans son bref et subtil essai. Mais c’est pour mieux pointer un phénomène plus trouble. Et inédit : les impostures par écrans interposés, à l’image des rocambolesques aventures de Christophe Rocancourt, l’escroc aux identités multiples. C’est qu’à la différence d’une œuvre d’art (ce « mensonge qui dit toujours la vérité », énonçait Cocteau), les envahissants médias de divertissement tendent à escamoter leur nature de leurre : le star-système prétend montrer le vrai. Et écrase ainsi la dimension du semblant – à l’instar, note Massat, des théories « queer » de Judith Butler pour qui l’identité sexuelle est une pure performance détachée de tout réel lui préexistant. Puisqu’il n’y a plus rien de caché, l’imposture, alors, devient « impossible ». Sinon sur le mode de la perversion : le couple du spectateur et de l’acteur, et sa possibilité de jeu, laisse place à celui du voyeur et de l’exhibitionniste, qui nous méduse.

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