Les Grands Espaces

Une recension de Alexandre Lacroix, publié le

Comment les paysages de notre enfance s’inscrivent-ils en nous ? Par quelle alchimie un jardin à la campagne, avec un vieux platane, un jeune orme épargné par les épidémies, une ruche et des orchidées, peut-il devenir le creuset où se forge notre sensibilité ? Cette question très proustienne, qui hante la première partie de la Recherche du temps perdu, est au cœur de la nouvelle et très rêveuse bande dessinée de Catherine Meurisse, consacrée à son enfance en Poitou-Charentes. Le platane centenaire de son jardin, elle l’avait appelé « Swann ». Ses parents, auxquels elle rend un bel hommage au passage, ont décidé de quitter la ville en 1987 pour s’acheter une bâtisse en ruines avec un vaste terrain, où Catherine a grandi, entre boutures, maçonnerie à la pierre sèche et lectures de haute volée. Mais dans ce cadre bucolique se posent aussi des questions politiques : pourquoi les ruraux de souche ne jurent-ils plus que par le démembrement, les pesticides et la monoculture ? Pourquoi ne savent-ils plus reconnaître les champignons, et que vient faire le « Futuroland » de René Monory au pays du cabicou ? Plutôt que d’imiter la folie productiviste des villes, les campagnes ne devraient-elles pas s’en moquer ?

Sur le même sujet


Article
1 min

Cette exposition permet de découvrir les liens entre l’artiste et le 9e art. Picasso en adopte les codes dans ses tableaux ou signe carrément les planches de Songe et mensonge de Franco (1937). Le musée Picasso montrera aussi comment…






Dialogue
6 min
Octave Larmagnac-Matheron

Slavoy Žižek s’insurge contre la nouvelle sacralisation de Mère Nature. La nature, dit-il, se moque éperdument de l’homme, c’est un chaos et un « pur non-sens contingent ». Catherine Larrère au contraire s’oppose au…