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Philo en phylactères

Catherine Meurisse devant la beauté de la nature japonaise

Alexandre Lacroix publié le 17 novembre 2021 3 min

Avec La Jeune Femme et la Mer (Dargaud, 2021), son nouvel album, Catherine Meurisse nous emmène à l’autre bout du monde : au Japon. La dessinatrice, qui tient une chronique mensuelle dans l’édition papier de Philosophie magazine, raconte son séjour dans ce pays aux paysages si singuliers. Elle y fait la rencontre – semi-fantastique – d’un étrange personnage, un peintre velléitaire inspiré d’un classique de la littérature japonaise, Oreiller d’herbe(s) (1906) de Natsume Sōseki. Elle croise ainsi l’art de dessiner la mer, les monts et les vallées japonais, avec celui de questionner l’évanescence des choses. Une escapade pleine de légèreté, souvent drôle et qui nous en apprend beaucoup sur l’esthétique japonaise. 

 

  • Au début du XXe siècle, les Japonais ont développé un genre littéraire à part, qu’on appelle le watakushi (shi)shōsetsu soit, littéralement, le « roman du je ». Contrairement à l’autobiographie ou l’autofiction à l’occidentale, ce genre ne relève ni du rituel de la confession des secrets, ni d’une démarche psychanalytique. Les règles du watakushi shōsetsu sont assez singulières : l’auteur doit se présenter dans un milieu naturel, mêler la description des paysages qui l’entourent et de sa vie intérieure, et surtout, il lui faut donner l’impression au lecteur de ne suivre aucun plan prémédité, de laisser surgir ses impressions de manière fluide et spontanée.
  • La Jeune Femme et la Mer de Catherine Meurisse peut se lire comme un watakushi shōsetsu en bande dessinée. Elle s’y décrit arrivant au Japon pour une résidence d’artiste à la Villa Kujoyama (équivalent de la Villa Médicis, à Kyoto). Amoureuse de la nature, ayant grandi dans la campagne poitevine – comme elle l’a raconté dans Les Grands Espaces (Dargaud, 2018), elle est venue au Japon non pas pour les mégapoles, mais pour parcourir les champs, les forêts, les bords de mer.
  • Dans son récit, s’invite de manière semi-fantastique le héros d’un classique de la littérature japonaise, Oreiller d’herbes. Ce roman de Natsume Sōseki, qui est en même temps un traité d’esthétique assez antimoderne ou en tout cas attaché à raviver la culture ancienne du Japon, met en scène un peintre qui ne va pas donner un seul coup de pinceau ni produire la moindre esquisse, parce qu’il recherche « l’état qui permet de peindre un tableau ». Cet état, il ne peut le trouver que par la méditation, en s’ouvrant au monde, en devenant lui-même le vent et l’arbre qui ploie dans le vent. Avant de peindre, il cherche donc l’extase, c’est-à-dire une dissolution du point de vue subjectif, qui seule amène au seuil de l’essence des choses, dont la tradition bouddhiste enseigne qu’elles sont à la fois impersonnelles et impermanentes.
  • Mais comment approcher l’« évanescence des choses » ? Dans la bande dessinée, s’instaure une sorte de rivalité mais aussi de dialogue entre le héros de Sōseki, qui parle de peinture sans peindre, et Catherine Meurisse, qui se représente sans cesse un pinceau à la main. Il y a des gags, mais la légèreté et la décontraction du propos ne sont qu’apparentes – en fait, cet album peut se lire comme une excellente introduction à l’esthétique japonaise du paysage, jamais pesante, mais scrupuleusement référencée.
Catherine Meurisse avec le personnage du peintre sans pinceau. Planche extraite de “La Jeune Femme et la Mer” © Dargaud

Catherine Meurisse avec le personnage du peintre sans pinceau. Planche extraite de La Jeune Femme et la Mer © Dargaud

 

La Jeune Femme et la Mer, de Catherine Meurisse, vient de paraître aux Éditions Dargaud. 114 p., 22,50€, disponible ici.

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