L'Un l'autre
Une recension de Philippe Garnier, publié lePourquoi Thomas quitte-t-il sa femme et ses deux enfants ? Qu’est-ce qui le pousse à partir à pied errer à travers la Suisse ? Jusqu’au bout, la question reste intacte. La beauté du roman de Peter Stamm réside dans l’épaisseur du mystère. Pourtant, nous accompagnons Thomas le long des routes et des sentiers de montagne, nous voyons ce qu’il voit, nous participons au moindre de ses gestes de survie. Il passe sa première nuit sous l’auvent d’un mobil-home, tombe sur des prostituées hongroises le lendemain, grappille de quoi manger, s’avance dans des bois obscurs. Les mois passent, il s’éloigne peu à peu de la civilisation. On saisit chez lui une lassitude, une distance qu’il a toujours éprouvée. On n’en saura pas plus.
Pendant ce temps, Astrid, son épouse, s’alarme, déclare sa disparition à la police et tente de rassurer ses enfants. Son point de vue alterne avec celui de Thomas, dans une construction subtile où un épisode peut être vécu par Thomas et imaginé par Astrid. Étrangement, l’amour qu’ils se portent et la connaissance intime qu’ils ont l’un de l’autre n’éclairent pas les raisons de la fuite.
Le dénuement de Thomas, sa condition de piéton dans un monde d’autoroutes suffiraient à nous tenir en haleine. Mais plus nous entrons dans le regard du personnage, plus sa psychologie devient opaque. Plus nous vivons avec lui, plus nous sommes ramenés à la pure surface de ce qu’il voit. Avec un art photographique, Peter Stamm nous livre des instantanés de bords de routes et de forêts alpines, de parkings péri-urbains et de places de village : autant de choses vues par Thomas dans sa fugue, autant de documents énigmatiques sur sa personne, ses raisons d’agir. Ce défilé d’images trop précises apparaît peu à peu comme la négation du personnage et finit par construire un monde sans lui.
Après sa chute mortelle dans une crevasse, sa vie errante continue à nous être racontée, avec la même acuité dans les détails, sans que l’on puisse savoir s’il s’agit d’un artifice de narration ou d’un rêve d’Astrid qui veut croire son mari toujours en vie et qui s’attend à son retour imminent. Cette prouesse de fiction s’opère par la magie d’une langue neutre, élémentaire, presque dépourvue d’images. Avec une virtuosité discrète, Peter Stamm pose des questions sans réponses : qu’est-ce que faire partie d’un monde, d’une famille, d’un couple ? Quelle part de nous reste irréductiblement étrangère à tout ce que nous vivons, à ce que nous voyons ?
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