Sartre à la plage

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Ne vous fiez pas au titre : même dans un transat, il s’agit bien de faire de la philo, et même de la costaude. Guidé par la philosophe et psychanalyste Elsa Godart, qui se souvient que « c’est avec les mots de Sartre qu’[elle a] commencé à mettre des mots sur le monde », on entre dans la pensée du philosophe existentialiste par sa biographie. Dans le cas de Sartre, c’est presque inévitable, tant celui qui a pensé l’intellectuel « en situation », c’est-à-dire pris dans son époque et le flux des événements historiques, a imbriqué engagement personnel et conceptualisation philosophique. Il est question de son inspiration husserlienne et de sa découverte de la phénoménologie, de la distinction entre contingence et nécessité, de la conscience comme processus de néantisation, ou de psychanalyse existentielle. Elsa Godart fait un effort de pédagogie certain, notamment dans les pages consacrées à la Critique de la raison dialectique. L’ouvrage s’achève par une interrogation : le concept de liberté dans sa version la plus absolue si chère à Sartre est-il encore susceptible de mobiliser, voire de donner le même frisson que celui que les lecteurs de L’Être et le Néant ont pu ressentir à la Libération ? Elsa Godart ne se fait pas d’illusion : les déterminismes sociologiques imprègnent désormais trop les esprits. Reste un horizon que Sartre continue de rendre désirable, un risque que l’on a envie de prendre… et tant pis pour le coup de soleil !

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