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Adèle Van Reeth et Frédéric Worms. © Jean-Luc Bertini pour PM

Dialogue

Adèle Van Reeth-Frédéric Worms : sous le règne des philosophes ?

Frédéric Worms, Adèle Van Reeth, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 21 septembre 2022 14 min

À un mois d’intervalle, deux philosophes ont accédé à des fonctions éminentes : Adèle Van Reeth a été nommée directrice de France Inter et Frédéric Worms directeur de l’École normale supérieure. Mais au fait : comment gouverne-t-on avec la philosophie ? Quels outils donne-t-elle pour la vie professionnelle ? Alors qu’ils entrent en fonction, nous les avons invités à échanger sur ces questions.

 

Pourquoi avoir étudié la philosophie, s’agissait-il d’une vocation ?

Frédéric Worms : J’ai su assez tôt que je voulais faire de la philosophie. Cependant, j’ignorais à quoi cela menait. Même avec deux enseignants dans ma famille, je n’avais qu’une idée vague de ce métier. En revanche, ce que je saisissais, c’est que la philosophie avait des enjeux dans le monde social, un rôle politique et public à jouer. Je ne concevais pas cette discipline comme une manière de s’enfermer dans une tour d’ivoire mais plutôt de comprendre son temps et de s’engager dans le débat démocratique. Pour être honnête, il y a eu de la nécessité dans mon parcours mais aussi une part de hasard. J’étais promis à une prépa scientifique, mais j’ai fait une énorme étourderie à l’épreuve de mathématiques du bac, qui m’a valu d’obtenir un 7. Le lycée où j’entrais en prépa m’a donc annoncé qu’ils me prenaient, mais en hypokhâgne. Plus tard, en khâgne, j’ai eu un professeur extraordinaire qui m’a vraiment transmis la passion pour la discipline…

 

Adèle Van Reeth : Je me souviens d’avoir eu envie de faire de la philosophie très jeune, alors que je n’avais aucune idée de ce que c’était. Et encore aujourd’hui, après avoir reçu dans mon émission sur France Culture un philosophe presque tous les matins pendant onze ans, je ne saurais toujours pas définir exactement ce qu’est la philosophie. Il y a un mystère dans cette discipline, que je tiens à ne pas dissiper complètement. Il me semble que l’on n’a jamais fait le tour de la question « Qu’est-ce que la philosophie ? » et que c’est très bien ainsi. Ce que j’en avais entr’aperçu, je le dois à mon frère, de six ans mon aîné. Quand il était en terminale, il me parlait de ses cours de philo, et j’en ai retenu que la philosophie était une discipline où l’on peut poser toutes les questions qu’on veut. Cette liberté du questionnement, qui ne s’arrête devant rien, m’a attirée. Et puis, j’ai vu que cette matière offrait la possibilité de parler du sens de la vie, de la mort, de toutes ces choses essentielles dont il n’est jamais question à l’école…

 

Assez vite, vous avez exercé d’autres fonctions que celles d’enseignant ou de chercheur. Diriez-vous que les études de philo vous ont donné une certaine manière d’envisager le monde du travail, ses enjeux actuels ?

F. W. : Je pense que notre situation a beaucoup changé depuis 1968 et que nous vivons dans un monde où les institutions – l’école, la recherche, l’univers du soin – sont devenues fragiles et vulnérables. En mai 1968, allier la pensée et l’action – l’une des exigences cardinales de la philosophie – conduisait souvent à s’opposer à des institutions très fortes, très raides. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il nous faut raisonner à fronts renversés : que le philosophe, l’intellectuel devrait ressentir la nécessité de s’engager, non pas contre des institutions dogmatiques et fermées, mais pour la protection d’institutions fragilisées, pour un certain rapport à l’éducation, à la recherche ou au soin, en gardant, bien sûr, un souci critique. À mes yeux, relever le défi de prendre la fonction de directeur adjoint de l’École normale supérieure [ENS], et désormais de directeur, c’est une manière de m’engager pour la défense d’une institution dont la position n’a rien d’une évidence dans le monde actuel. Cela oblige à se confronter aux contradictions inhérentes à toute responsabilité en démocratie : vous devez assumer votre position en ne cessant jamais de respecter celle des autres, et vous courez le risque de contredire par votre pratique les principes que vous défendez en théorie. Ces contradictions indissociables du cadre démocratique sont inévitables, et, quant au rôle de la philosophie, il ne faudrait pas imaginer qu’elle est toujours sage ou qu’elle présente un seul visage. Je pense qu’il y a des philosophes égoïstes, des philosophes destructeurs, des méchants qui font mauvais usage de ses armes conceptuelles. Du reste, il est erroné d’imaginer que les méchants ne pensent pas, que la méchanceté vient d’un manque de réflexion ou de recul – celle-ci est parfois conceptuellement très outillée.

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