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Devant le Capitole américain à Washington DC, le 6 janvier 2021, des manifestants partisans de Donald Trump protestent contre la légitimité de la défaite de leur candidat avec le slogan “Stop the steal”, “arrêtez le vol”. © Mihoko Owada/STAR MAX/IPx/SIpa

État de l’Union

Après l’assaut du Capitole, le spectre d’une “déconsolidation démocratique” aux États-Unis

Jean-Marie Pottier publié le 06 janvier 2022 4 min

Il a tout juste un an, le 6 janvier 2021, le Capitole américain était pris d’assaut par des militants trumpistes qui dénonçaient l’élection de Joe Biden. Un an après, et malgré un relatif retour au calme, la démocratie américaine semble toujours en crise, au point que certains parlent d’une « déconsolidation » de ce régime. Explications.

 

Notamment développée par les politistes Steven Levitsky et Daniel Ziblatt dans un livre intitulé La Mort des démocraties (2018 ; trad. fr. Calmann-Lévy, 2019), la théorie de la « déconsolidation démocratique » postule que de nos jours, les démocraties ne s’effondrent que rarement sous l’impact d’un coup d’État ou d’un putsch militaire, mais se désagrègent plutôt au fil d’une subversion progressive des règles du jeu démocratique. Elles sont comme cette grenouille qu’une personne tue en chauffant très progressivement l’eau froide dans laquelle elle est immergée au lieu de la plonger dans l’eau bouillante et risquer qu’elle s’échappe en bondissant.

À première vue, la violence d’un événement comme celui du 6 janvier 2021, en tant que tentative soudaine de renverser le pouvoir légitime, cadre mal avec cette théorie. Tentative ratée, en l’occurrence, et donc susceptible de se retourner contre ses auteurs et inspirateurs, comme ce fut le cas, en Espagne, pour la tentative de coup de force du 23 février 1981, devenue une date-clé pour le processus de démocratisation du pays. 

 

« Chaque jour est un 6 janvier, désormais »

Un an après, on constate pourtant qu’il n’en est rien, que l’effet de l’émeute du Capitole a largement subsisté au quotidien. « Chaque jour est un 6 janvier, désormais », titre ainsi le quotidien The New York Times dans son premier éditorial de l’année 2022 : « Notre vie politique semble plus ou moins normale ces jours-ci, le président gracie des dindes, et le Congrès se déchire sur des plans de dépense. Mais pelez une couche, et vous verrez que les choses sont très loin de la normale. » 

Le 6 janvier a moins marqué l’échec d’une tentative désespérée de conserver le pouvoir de la part du camp battu que la diffusion d’un discours politique toujours actif. Le mot d’ordre de la manifestation du Capitole, « Stop the Steal » – « arrêtez le vol » –, s’est largement diffusé dans l’électorat et les institutions américaines ; non seulement ces grands fans de sport que sont les Américains jouent dans des « équipes » qui se détestent de plus en plus mais ils sont de surcroît de moins en moins d’accord sur les règles du jeu et la façon de compter les points. 

“À long terme, la tentative de coup d’État a entamé sa marche vers le succès en échouant”
David W. Blight, historien

 

Comme l’écrivait en fin d’année l’historien David W. Blight, « à long terme, la tentative de coup d’État a entamé sa marche vers le succès en échouant » ; elle s’est métamorphosée en une puissante « Cause perdue », en référence au récit apologétique du Sud esclavagiste après la guerre de Sécession, cause « à laquelle des millions se raccrochent comme à un récit de victoire, une victoire sur le libéralisme et le pluralisme ».

 

Menaces sur le vote

Près de la moitié des électeurs, dont de nombreux indépendants, pensent aujourd’hui que Joe Biden n’a pas été élu de manière légitime. Selon une récente étude menée par le Voter Study Group, seuls 35 % des électeurs du Parti républicain se montrent « extrêmement confiants » dans le fait que leur vote a été correctement pris en compte lors de la dernière présidentielle, contre 82 % des électeurs du Parti démocrate : un chiffre aussi faible est inédit dans l’histoire récente, de même qu’un aussi fort écart dans les deux camps. Près de la moitié des électeurs républicains sont prêts à passer judiciairement l’éponge sur les responsables de l’émeute du Capitole, tandis que les démocrates ont échoué à organiser une commission d’enquête bipartisane sur l’événement. 

“Le recul de la démocratie s’amorce désormais dans les urnes”
Steven Levitsky et Daniel Ziblatt

 

Les menaces de violence se sont multipliées envers les responsables de l’organisation des élections. De la même manière qu’au XIXe siècle, les démocrates essayaient de décourager le vote des minorités dans le Sud après la fin de la guerre civile, les républicains font aujourd’hui passer, dans les États où ils sont majoritaires, des lois visant à décourager certaines formes de vote (par correspondance, par exemple) ou à donner plus de pouvoir aux élus qu’à l’administration dans la validation des résultats – notons que les démocrates, eux aussi, redessinent parfois les règles du jeu en leur faveur quand ils en ont la possibilité. 

Lors des élections locales de l’automne dernier, de chauds partisans du mouvement « Stop the Steal » se sont présentés à des postes peu visibles de responsables locaux des élections, qui jusqu’ici relevaient presque du volontariat associatif, et l’ont emporté : comme l’écrivent Levitsky et Ziblatt dans leur livre, « le recul de la démocratie s’amorce désormais dans les urnes ».

 

Progressivement, puis d’un seul coup ?

Cette déconsolidation démocratique peut aboutir à une situation de tension plus ou moins permanente, marquée, comme fin 2020, par d’âpres débats et de fortes rancœurs autour des résultats des élections, dans un système constitutionnel américain qui continuerait à fonctionner tant bien que mal. Elle peut aussi déboucher sur une conclusion plus brutale, prélude à des événements encore plus violents que ceux du 6 janvier 2021. 

Ces dernières semaines, plusieurs commentateurs se sont mis ainsi à s’interroger sur ce qu’il se produirait si les responsables des élections dans les États décisifs de la prochaine présidentielle décrétaient un président élu sans que tous les bulletins aient été décomptés. En cela, la déconsolidation démocratique pourrait ressembler à la meilleure façon de faire banqueroute, telle que la décrivait Ernest Hemingway dans une célèbre formule du Soleil se lève aussi : « progressivement, puis d’un seul coup ».

 

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