Derrière l’écran
À l’ère des big datas, du tracking informatique et de la vidéosurveillance, “1984” d’Orwell a-t-il enfanté d’un monstre non plus dictatorial mais technolibéral?
George Orwell fait partie de ces consciences qui, en toute indépendance, ont cherché à identifier les ressorts des pouvoirs totalitaires. Il a su saisir que leur assise ne pouvait dépendre de la valeur de leur système organisationnel, mais requérait une connaissance détaillée de la vie des personnes afin de s’assurer qu’elles agissent conformément à la norme prescrite. Cette lucidité s’est formalisée dans l’un de ses maîtres ouvrages, 1984, qui érige la surveillance comme la condition impérative à la pérennité de toute autocratie.
Le livre résulte d’un double choix stratégique. D’abord, celui de ne s’être pas engagé dans une recherche ardue portant sur des procédés qui, par définition, échappent à la visibilité, ayant misé sur son intuition et privilégié la fiction plutôt que la théorie. Ensuite, celui d’avoir réglé le niveau de l’étau coercitif à son seuil maximal, ne tolérant aucune échappatoire.
Ce cadrage lui a permis d’exercer pleinement sa liberté d’auteur d’où ont découlé deux coups de génie. Le premier est d’avoir imaginé une technologie de pouvoir par excellence : le télécran. Dispositif autorisant le suivi ubiquitaire des corps dans les espaces publics ou privés, et qui induit son intériorisation par les individus même lorsqu’ils se situent « hors cadre » – à l’instar du panoptique, l’architecture carcérale conçue par Jeremy Bentham [1748-1832], qui offre une vision de l’ensemble des cellules, de surcroît perçue par les prisonniers comme étant virtuellement permanente.
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