“Enfin le cinéma !” : Orsay fait son cinéma
Rassemblant sculptures, peintures, photos, films et objets, cette passionnante exposition présentée au musée d’Orsay à Paris présente les débuts de l’art en mouvement, à l'aube de la modernité. L'acte de naissance de la Société du spectacle ?
Comment est né le spectateur moderne ? À cette question, une passionnante exposition répond au musée d’Orsay. À partir d’un ensemble de sculptures, peintures, photos, films et objets, elle brosse une histoire critique du septième art. Car si saisir le mouvement demeure une ambition d’artiste, ce « rêve de cinéma » d’avant le cinéma – vouloir animer l’inanimé – prend un tour singulier au début du XIXe siècle. La vitesse et le mouvement sont alors dans l’esprit du temps. Ils gagnent la société avec l’essor des grandes villes, l’expansion du capitalisme, le développement du train et du télégraphe. L’exposition témoigne d’une recherche tous azimuts pour rendre possible l’illusion du mouvement. Elle présente des objets et des appareils, depuis 1833, avec l’apparition du phénakistiscope (donnant l’illusion du mouvement grâce à la persistance rétinienne) et la restitution de la vision stéréoscopique, jusqu’en 1906, lors de la création de la première salle de cinéma, marquant le démarrage d’un divertissement de masse. Dans un magistral essai sur Les Techniques de l’observateur, le philosophe américain Jonathan Crary s’inscrit dans les pas de Foucault pour offrir une généalogie de cette construction historique du sujet « observateur », ou « comment l’individu, en tant qu’observateur, devient un objet d’étude et le lieu d’un savoir à partir des premières décennies du XIXe siècle, et comment se transforme son statut ». C’est qu’à force de connaissances scientifiques sur le fonctionnement de la vision, nous en sommes venus à observer non pas le monde lui-même mais le monde à travers des appareillages, qui sont le « lieu d’un savoir et d’un pouvoir qui s’exercent directement sur le corps de l’individu » et constituent « une vision normative de l’observateur », explique-t-il. Selon lui, les techniques comme le phénakistiscope ou le stéréoscope résultent ainsi « de la refonte complexe de l’observateur individuel en un objet calculable et manipulable, et de la vision humaine en un phénomène mesurable et, par suite, échangeable. On ne saurait donc se contenter de replacer la standardisation des images visuelles au XIXe siècle dans le contexte des nouvelles formes de la reproduction mécanisée, sans la relier aussi au processus plus général de la normalisation et de l’assujettissement de l’observateur ». Où l’on découvre à Orsay rien moins que la genèse de la société du spectacle.
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