L’ère des spiritualités
Des croyants qui prennent des libertés avec le dogme, des athées ouverts aux expériences mystiques… Bienvenue dans le monde de la spiritualité individuelle et sur mesure. Ne se réduisant pas au folklore « new age », cette tendance contemporaine ouvre également une voie médiane entre foi et matérialisme. Par Martin Legros
Vous ne pratiquez aucun culte et n’acceptez aucun dogme d’aucune religion, vous ne croyez pas en Dieu, ou en tout cas pas au Dieu personnel, omniscient et tout-puissant des monothéismes... Cependant, vous ne consentez pas à réduire l’homme, la vie et le monde à un paquet d’atomes, de cellules et de neurones. Alors que l’idée d’un au-delà et d’une vie après la mort vous est obscure sinon étrangère, vous ne vous reconnaissez pas dans l’affirmation des athées selon laquelle « il n’y a rien ». Vous avez d’ailleurs du mal avec les obsèques civiles au funérarium : comme la majorité des non-croyants (trois sur quatre), vous auriez bien plus volontiers recours à des obsèques religieuses. Alors que la communion des croyants en Dieu ou dans leur Église vous est étrangère, vous avez le sentiment que les hommes ne communiquent pas seulement par les gestes et le langage, mais qu’ils sont fondamentalement ouverts les uns sur les autres. Alors que la nature vous apparaît comme un monde objectivable par la science et non pas habité par des forces surnaturelles, il vous est arrivé à certaines occasions d’avoir le sentiment de vous fondre en elle comme dans un tout animé. Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, c’est que vous vous inscrivez dans la grande tendance du XXIe siècle, celle qui verra les croyants s’éloigner toujours plus des religions héritées et les incroyants ou les athées se spiritualiser.
Un sentiment océanique de fusion avec le monde
Qu’est-ce que le « spirituel » ? Apparemment un concept fourre-tout sous lequel on rassemble toutes les expériences et les croyances qui rompent avec la rationalité commune : transmission de pensée, mystique sauvage, transe, sentiment de déjà-vu ou de correspondances secrètes, expérience de mort imminente, pratique des spiritualités orientales et des médecines parallèles, etc. Le philosophe William James croyait voir dans ces états modifiés de la conscience de véritables « expériences religieuses » qui font éclater le rapport objectif et intentionnel que le sujet entretient avec le réel. Pour Romain Rolland, le « sentiment océanique » de fusion avec le monde est la véritable source de la religiosité.
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