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Hors-série “Game of Thrones”

Mathieu Potte-Bonneville : "'Game of Thrones' tient plus de Machiavel que de Hobbes"

Mathieu Potte-Bonneville, propos recueillis par Sven Ortoli publié le 09 avril 2019 9 min

Le philosophe Mathieu Potte-Bonneville verrait sans surprise le Prince s’asseoir sur le Trône de fer, tant les personnages de Game of Thrones se conforment aux leçons politiques de Machiavel. Illustration des manières de conquérir et de conserver le pouvoir, de Florence à Westeros.

Article à lire dans le hors-série numéro 41, consacré à Game of Thrones ☛

Diriez-vous qu’il y a du Machiavel dans Game of Thrones ? 

Mathieu Potte-Bonneville : C’est une série profondément machiavélienne. Elle suit l’approche singulière de Machiavel dont je rappelle qu’il a écrit Le Prince, pas « La Politique ». Pour penser le pouvoir, il ne faut pas procéder par concepts généraux ; il faut partir d’exemples, de trajectoires, de personnages, de caractères. Dans Game of Thrones, tous les chapitres sont portés par le point de vue d’un personnage exactement comme chez Machiavel, qui considère qu’on ne peut lire une situation politique sans la rapporter au personnage qui la traverse et lui donne sens. La question n’est pas celle de la cité mais celle du prince, d’un César ou d’un Sforza, enfin d’un homme particulier, doté d’une virtù particulière, la volonté et l’opportunisme, qui, chez Machiavel, sont indissociables. Sans aucun doute, George R. R. Martin, l’auteur du Trône de fer, a lu Le Prince de très près, et très intelligemment. 

 

La paix pour Machiavel est la violence qui n’a pas besoin de s’exercer. Ici on est dans une violence affirmée, pourquoi une telle brutalité ?

La violence est un motif ambigu. En un sens, elle tire la série vers une dimension régressive, vers la satisfaction de nos pulsions : elle interroge avec complaisance notre complaisance, notre goût pour la violence. La scène emblématique de ce double discours, c’est la marche de la honte de Cersei : pour expier ses fautes, celle-ci doit traverser nue la ville de Port-Réal. La foule rassemblée lui lance des immondices à la figure. Or, cette scène s’ouvre sur un discours du Grand Moineau, qui interpelle ainsi le « bon peuple » de Port-Réal : « Voilà ce que vous avez voulu voir ! », dit-il en substance. C’est une adresse au spectateur. En ce sens, la série ne procède pas autrement que les feuilletons du XIXe siècle, lesquels annonçaient « la très épouvantable histoire » ou « les horribles et sanglants forfaits » de tel personnage. On en profitait pour se rincer l’œil ! 

Par ailleurs, il faut souligner que cette violence n’est pas simplement surajoutée pour faire beau – ou laid. Elle entretient un lien étroit avec la question de l’irréversible et des conséquences. Ce qui intéresse Martin, c’est en effet le constat que les actes politiques changent la donne, et qu’on doit en éponger, subir et affronter les conséquences très longtemps. Les hommes se situent toujours dans l’après-coup douloureux de décisions politiques. La série s’inscrit dans l’après-coup de la succession ratée du roi Robert. Ainsi, Martin s’ingénie à montrer que les décisions politiques sont lourdes de conséquences parce qu’elles introduisent de l’irréversibilité dans l’histoire. L’omniprésence de la violence dans Game of Thrones manifeste qu’il ne faut pas croire que les personnages de série peuvent tomber et se relever à l’épisode suivant : une fois qu’ils sont perdus, ils ne peuvent revenir. Et le spectateur va porter leur absence pendant longtemps. 

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