Nicolas Mathieu : “Les transclasses sont les superhéros à la française”
Dans ses romans, Nicolas Mathieu pose un regard d’une précision exacerbée sur la société française. Une acuité qui lui vient d’avoir lui-même connu une ascension sociale tout en restant viscéralement attaché à son milieu d’origine.
Quand avez-vous pris conscience des différences de classe ?
Nicolas Mathieu : Mes parents appartenaient à la petite classe moyenne. J’étais fils unique, ils travaillaient comme comptable et électromécanicien. Nous habitions Golbey, près d’Épinal. Nous ne vivions pas dans des conditions difficiles. On avait une maison, deux voitures. Mais ils m’ont envoyé dans des établissements privés où je me suis heurté aux différences de classe – dans une totale opacité, cela dit. Je sentais qu’il y avait des écarts, mais sans saisir de quoi ils relevaient. C’est plus tard, quand j’ai lu Annie Ernaux, Bourdieu et d’autres, que j’ai compris. Pourquoi certains avaient-ils des Nike Air Max et pas moi ? Pourquoi, en février, certains revenaient bronzés avec des traces de lunettes ? Pourquoi ceux qui avaient des blousons Quiksilver avaient-ils davantage de succès auprès des filles ? Il était plus facile de faire du skate si vous viviez en centre-ville. Les skateurs étaient plus cool. D’ailleurs, ils portaient des Vans. Je sentais bien que j’étais uncool, mais sans comprendre alors que c’était aussi lié à ma position sociale.
Vous avez été remarqué très tôt par vos instituteurs pour vos qualités d’écriture. Diriez-vous que l’aptitude au maniement des mots a décidé de votre trajectoire ?
Dès le départ, j’avais des facilités. Ma nourrice déjà, quand j’étais tout petit, relevait ça. En CE1, on a lu une de mes rédactions devant tout le monde, directeur d’école compris. Grand moment narcissique. On m’appelait « le Dictionnaire ». Très tôt donc, des facilités à manier la langue française se sont manifestées chez moi, qui m’ont valu d’être flatté. J’ai creusé ce sillon. Au-delà du plaisir que je prenais à lire, il est certain que j’ai été poussé à cultiver ces prédispositions. À la maison, il n’y avait pas de classiques, mais nous avions une encyclopédie, et ma mère était abonnée à France-Loisirs. À la fin des Je bouquine, je dévorais les biographies d’auteurs, les bandes dessinées sur les grandes œuvres. Ce fut un apport décisif !
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