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Orhan Pamuk en 2018. © Manuel Braun pour PM

Orhan Pamuk: “Il n’y a pas de futur sans liberté de parole”

Orhan Pamuk, propos recueillis par Boris Razon publié le 21 mars 2018 16 min

Le prix Nobel de littérature 2006 est l’un des rares écrivains à concilier succès critique et public. De passage à Paris, il évoque pour nous son parcours de romancier et les penseurs qui l’ont marqué – de Sartre à Lukács. Mais ce démocrate engagé se montre surtout très préoccupé par le basculement de son pays, la Turquie, vers un régime autoritaire.

L’homme qui nous accueille dans un salon des éditions Gallimard a l’air trop grand pour les petits fauteuils bleus en velours. Ce ne sont pas ses jambes ou ses bras. Non, ce sont ses yeux rieurs. Ils éclairent d’un jour différent une pièce qui ne sait plus si elle est un tableau qui tente de figer un passé disparu ou un lieu de passage, version chic et parisienne du salon d’aéroport. Mais l’endroit sied bien à Orhan Pamuk, écrivain de l’entre-deux, premier romancier de langue turque prix Nobel de littérature, en 2006. Remarqué en Turquie dès son premier roman, il fait d’Istanbul une ville-monde et de la Turquie moderne une planète littéraire. Il y narre les traditions ottomanes et les aspirations occidentales d’une bourgeoisie férue de raki et de liberté. Cette double appartenance, sa très grande culture littéraire et philosophique occidentale l’ont conduit à revisiter alla turca les grandes figures du roman contemporain. Et dans ce clair-obscur se dessine une perspective différente sur la vie, sur nos vies, un miroir déformant de nos valeurs européennes. Enfant, Orhan Pamuk se rêvait peintre. Aujourd’hui, il nous pose la question : que serait notre vision du monde si la perspective ne l’avait pas façonnée ?

Pamuk l’érudit a été jusqu’à créer un musée réel à partir d’un de ses romans, Le Musée de l’innocence, une traversée par les objets d’un amour caché. Ouvert depuis 2012 dans un vieux quartier d’Istanbul, il ne désemplit pas. Car, fait rare, ses œuvres subtiles remportent un grand succès en Turquie où Cette chose étrange en moi, son dernier livre, s’est vendu à quelque 250 000 exemplaires. Pamuk y raconte dans une veine proche du roman picaresque l’histoire d’un vendeur de rue fraîchement débarqué de son Anatolie natale. Avec lui, nous traversons cinquante ans d’une histoire politique mouvementée. En effet, l’auteur ne s’est jamais caché derrière ses romans. Démocrate courageux, il a toujours soutenu la liberté d’expression et n’a jamais hésité à prendre la plume pour s’exprimer. En 2005, il a brisé un tabou en reconnaissant la responsabilité de son pays dans le génocide arménien de 1915. Poursuivi en justice, menacé de mort, il a dû prendre le large. Pour mieux revenir. Aujourd’hui encore, il le dit d’une voix mesurée mais ferme : « Il n’y a pas de futur pour un pays sans liberté d’expression ! » Et ses yeux rient encore. 

 

Orhan Pamuk en sept dates

  • 1952 Naît à Istanbul, une ville qui imprègne presque tous ses livres, sur la rive européenne du Bosphore
  • 1982 Publie son premier roman, Cevdet Bey et ses fils, une grande saga familiale sur fond de conflit Orient-Occident
  • 1991 Sa fille Ruya vient au monde, elle porte le prénom de l’héroïne disparue du Livre noir, paru l’année précédente
  • 2005 Est menacé de mort et traîné en justice pour avoir reconnu la responsabilité de la Turquie dans le génocide arménien de 1915
  • 2006 Reçoit le prix Nobel de littérature et écrit pour l’occasion un vibrant discours d’hommage à son père, La Valise de mon père
  • 2012 Inaugure à Istanbul le musée de l’Innocence, espace conçu et inspiré par son livre paru en 2008
  • 2017 Cette chose étrange en moi, son plus grand succès en Turquie, sort en France

Comment êtes-vous devenu écrivain ? Est-il exact que vous avez d’abord voulu vous consacrer à la peinture ?

Orhan Pamuk : Quand j’étais âgé de 7-8 ans, je dessinais tout le temps. Et dans ma famille, chez moi, à l’école, tout le monde disait : « Mon Dieu ! Mais c’est un peintre. » À l’époque, mes mains dessinaient toutes seules, je n’y pensais pas vraiment. J’étais heureux en peignant. Et tout le monde m’encourageait. Mais je viens d’une famille d’ingénieurs civils, mon grand-père a construit des chemins de fer, mon père et mon oncle ont suivi sa voie. Ils m’ont dit : « Pourquoi ne deviendrais-tu pas architecte ? Un architecte est un peintre qui est aussi ingénieur. » Mais en étudiant l’architecture, j’avais l’impression qu’un tournevis me forait le cerveau. J’ai donc quitté l’Université et décidé de devenir romancier. Ces années que j’ai passées, entre 7 et 22 ans, à penser que je serais peintre m’ont préparé à la vie solitaire du romancier. Dès 15 ans, il était clair pour moi que je passerais ma vie dans une pièce à créer quelque chose. Je ne peins plus maintenant, sauf quand je suis soûl.

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À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
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Article issu du magazine n°118 mars 2018 Lire en ligne
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