Le classique revisité

Un tabouret pour Madame

Martin Duru publié le 2 min

Nous sommes en 1648, et il y a du grabuge au royaume de France.

La haute noblesse et les parlementaires sont excédés par la pression fiscale et l’extension inexorable des pouvoirs de l’autorité royale, incarnée par la régente Anne d’Autriche et le cardinal de Mazarin. La protestation prend un tour officiel en mai et juin : la limitation des prérogatives souveraines et la garantie des libertés individuelles sont solennellement réclamées ; c’est le début de la Fronde. Lorsque, dans la foulée, certains meneurs sont arrêtés, des barricades se dressent dans Paris : le peuple soutient l’insurrection en marche… Au début des troubles, un noble habitué des campagnes militaires, gouverneur du Poitou, soutient la cause royale et tente de ramener l’ordre sur ses terres : La Rochefoucauld. À la fin de l’année, il retourne subitement sa cape et rejoint le camp des insurgés. Pourquoi cette volte-face ? En partie pour une raison d’orgueil blessé, d’amour-propre lésé. La Rochefoucauld est vexé comme un pou : se méfiant de lui, la reine et Mazarin lui refusent les titres et faveurs qu’il brigue. Primo, ils ne l’inscrivent pas sur la liste des nouveaux ducs et pairs de France. Secundo, ils n’accordent pas à sa femme Andrée de Vivonne le privilège du « tabouret », à savoir le droit de s’asseoir en présence de la reine lorsque celle-ci réunit son cénacle. La Rochefoucauld tenait énormément à cette marque publique de reconnaissance. Le tabouret refusé à Madame, il trouve un engagement à la mesure de sa rancune : la Fronde, donc… Il combat aux côtés des princes Condé et Conti, frères qui relancent l’opposition à partir de 1651. Touché par une mousquetade en plein visage lors d’affrontements sanglants, il manque même de perdre la vue. La « Fronde des Princes » sera définitivement éteinte en 1653, après la soumission de Bordeaux, l’un des principaux bastions de la rébellion.

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