Claude Levi-Strauss

Une recension de Mathilde Lequin, publié le

Comment écrire l’histoire d’une vie faite de bifurcations ? Comme celle de Lévi-Strauss, qui dérive de la philosophie à l’ethnologie lorsqu’il embarque pour le Brésil en 1934. Nourrie d’archives personnelles jusqu’alors inexplorées, cette vaste biographie relève magistralement le défi. Et se dévore comme un roman. Roman picaresque, d’abord, d’un jeune savant chez les Indiens, découvrant les accords de Munich dans un journal au fin fond de l’Amazonie. Roman philosophique, ensuite, sur l’ébauche de la méthode structuraliste appelée à révolutionner l’anthropologie, à partir d’une scène surréaliste où Lévi-Strauss, mobilisé, s’adonne en 1940 à des « rêveries savantes » sur un pissenlit. Roman proustien, enfin : celui d’un ethnologue toujours décalé avec son temps, en proie à ce qu’il nomme son « don quichottisme », soit le « désir obsédant de retrouver le passé dans le présent ». Mais ce contretemps perpétuel a sa contrepartie : « plus Lévi-Strauss vieillit, plus il devient actuel », remarque justement sa biographe Emmanuelle Loyer. Mort en 2009, quelques semaines avant ses 101 ans, ce « fougueux (bien qu’austère) théoricien » devenu « vieux sage zen » reçoit ici un portrait à la hauteur de son génie.

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