Dialectique de la pop
Une recension de Martin Duru, publié le« La musique populaire légère est mauvaise, doit être mauvaise sans exception. » S’il fallait chercher un hater de la pop, il est tout trouvé : ce jugement pour le moins péremptoire a été émis par un philosophe amateur exclusif de musique dite « sérieuse », Adorno. Forcément frivole, la pop ? Voici un livre qui convainc du contraire, écrit par une spécialiste… d’Adorno. Philosophe et musicienne – elle est à la tête du groupe La Féline –, Agnès Gayraud pense la pop comme « art musical » spécifique. Cet effort passe par l’élucidation d’une « forme » générique. À la différence des musiques savantes qui reposent sur l’écriture sur partition, la musique populaire est déjà enregistrée et diffusée (à la radio ou via les vinyles, les CD, les mp3…). En insistant sur ces « conditions », auxquelles elle donne une portée à la fois technologique et ontologique – c’est « l’enregistrement qui fait œuvre » –, Gayraud élargit le spectre : la forme pop transcende le seul genre pop – le rock, le blues, le folk, le hip-hop, etc. entrent dans une même catégorie. Mais le critère de la reproduction ne suffit pas : pour cerner plus avant la pop, il faut ajouter une dimension proprement esthétique, où l’adjectif « populaire » prend tout son sens. La pop se définit par une ambition qui est une « force de gravité », une « destination » : elle vise une réception et un engouement universels – tout le monde danse sur Billie Jean de Michael Jackson. Le déhanché est dialectique : d’un côté, la pop suppose une « incarnation individuelle et particulière », avec des artistes qui revendiquent leur singularité ou leur appartenance à un groupe identifié (la musique « noire » ou « féministe »). De l’autre, elle vise un « plébiscite » planétaire, qui s’obtient dans le hit, ce « Graal esthétique ». L’humanité divisée enfin réconciliée : la pop, cet art « foncièrement démocratique », comme nouvelle « utopie »… Porté par une passion contagieuse, entremêlant avec aisance les références hétéroclites (des Beatles à Booba, du style hillbilly à Daft Punk…), l’ouvrage évite le jargon tout en proposant une théorie robuste. Gayraud ne fait pas de la pop-philosophie facile – qui réduit la pensée à un saupoudrage clinquant… –, non, elle développe une authentique philosophie de la pop qui donne envie aussi bien de mettre ses écouteurs que de lire des livres allemands non traduits. Bref, on est fan.
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