Dostoïevski Le roman du corps

Une recension de Martin Duru, publié le

À quoi ressemble Ivan, le plus sombre des Frères Karamazov ? Eh bien… on ne sait pas. Ainsi écrit Dostoïevski : il ne décrit pas, ou de manière expéditive, le physique de ses personnages. Absence voire mépris du corps chez le romancier ? Que nenni, montre Michel Eltchaninoff. À rebours des interprétations qui font de l’écrivain un théoricien ou un philosophe (psychologue des profondeurs de l’âme ou métaphysicien du bien et du mal), il prend le corps comme fil conducteur. Non pas le corps « objectif », mais le corps « propre », vécu de l’intérieur – la « chair » des phénoménologues, ici invoqués. Chez Dostoïevski, dans les expériences de la violence ou de la maladie, le rapport aux autres et au monde est structuré via le corps. Et au travers de la voix, c’est lui qui porte les idées et exprime l’âme. Une invitation à (re)lire autrement le géant russe, en os et en chair, donc.

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