Du style tardif

Une recension de Marion Rousset, publié le

« Croît-on en sagesse avec l’âge ? » Edward W. Said, théoricien de L’Orientalisme, analyste de la littérature ainsi que pianiste accompli, appréhende cette question au prisme des œuvres tardives, conçues à l’approche de la mort. Certaines, considérées comme parfaites, empreintes de sérénité, viennent couronner une vie. Mais d’autres, « loin d’être synonymes d’harmonie et de résolution des conflits, […] sont au contraire marquées par l’intransigeance, l’effort douloureux et les contradictions non résolues ». Par quelque chose d’inapaisé qui rappelle le déchirement de l’exilé. Nul doute que l’intellectuel américain et palestinien y trouvait des échos de sa propre situation. Cet essai fut son ultime œuvre : la leucémie l’emporta, en 2003, avant qu’il ait pu y mettre un point final. Dans son analyse rigoureuse du « style tardif », il ose des rapprochements étonnants entre Adorno et Visconti, Richard Strauss et Genet, Beethoven et Lampedusa, dont les dernières œuvres ne reposent pas en paix.

Sur le même sujet
Article
4 min
Patrick Williams

Pour le batteur Aldo Romano, l’un des premiers musiciens européens à jouer du free jazz, puis à s’en libérer, c’est la maîtrise des codes qui permet l’improvisation et favorise la transgression.  


Article
3 min
Michel Eltchaninoff

Le clip du chanteur sud-coréen Psy est un phénomène planétaire. Décryptage d’un tube qui, de simple parodie des habitants d’un quartier chic de Séoul, est peut-être devenu un manifeste social.


Article
1 min
Alexandre Lacroix

Rien de plus simple que d’imiter la folie,Ou bien de contrefaire une excentricitéVoyante. Sans effort, un changement d’habitTourne un benêt en punk effrayant…

Faiblesse du style

Le fil
4 min
Jean-Marie Pottier

Le 24 octobre 1970, il y a pile cinquante ans, l’historien américain Richard Hofstadter mourait à seulement 54 ans d’une leucémie. Publié six ans plus tôt dans…

Du style paranoïaque en politique (américaine)


Article
2 min
Octave Larmagnac-Matheron

S’il ne faut pas en abuser, les figures de rhétorique, les « ornements du discours » (rhetorici colores) comme les nomme Quintilien, permettent d’embellir le discours et même de rendre plaisante la forme du propos – peu importe son…


Article
2 min
Octave Larmagnac-Matheron

Un discours n’est pas seulement efficace parce qu’il est bien construit, voire bien écrit. Parfait du point de vue de la forme, il peut cependant  sembler un peu impersonnel et manquer son effet. Comme une coquille vide. Il faut, pour donner du…