Le capitalisme peut-il survivre ?
Une recension de Nicolas Truong, publié lePlutôt que de consulter les experts, prompts en rodomontades médiatiques, mais peinant souvent à éclairer la crise que traverse notre planète financiarisée, rien ne vaut un retour aux classiques de la science économique. D’abord celui de Joseph Schumpeter (1883-1950), Le capitalisme peut-il survivre ? L’économiste autrichien connu pour ses théories sur les fluctuations économiques y développe son concept de « destruction créatrice » : les crises sont inhérentes au système capitaliste, elles le font même progresser. Le capitalisme, écrit-il dans le sillage de Marx tout en en tirant des conclusions différentes, n’est jamais stationnaire mais toujours en évolution. Et ce ne sont pas les « caprices des systèmes monétaires », mais les nouveaux objets de consommation qui renouvellent l’économie. D’où son hommage aux entrepreneurs, tel Henry Ford, qui, avec l’invention de la Ford T, a révolutionné le marché. Ainsi pourrait-on qualifier Schumpeter d’Héraclite ou de Lamarck de la pensée économique – le capitalisme est en mouvement –, mais surtout d’Hölderlin du développement : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Mais qu’aurait-il pensé d’un système, le nôtre, où l’argent placé en Bourse crée bien plus de valeur que l’innovation ? Peut-être ne faut-il pas désespérer et attendre que de nouveaux objets, numériques, biologiques, etc., relancent la croissance.
Karl Polanyi (1886-1964), historien hongrois, est, lui, beaucoup plus sévère. Il prend d’ailleurs Schumpeter à revers. Selon lui, les révolutions industrielles ne sont pas causées par des innovations techniques mais plutôt par des créations sociales. Dans La Subsistance de l’homme, recueil de textes posthumes parus aux États-Unis, Polanyi montre que l’homme, comme le prouvent les échanges commerciaux, de « l’âge hésiodique » aux marchés locaux de l’Acropole dans la Grèce antique, n’a pas toujours été un « animal économique » et qu’il est possible de sortir de la « société de marché ». Si les sociétés ont toujours échangé des biens, seule la nôtre est à ce point « encastrée » et dépendante d’un seul marché. Une bifurcation est donc possible. Et la crise n’est pas une fatalité.
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