Le moment du vivant

Une recension de Mathilde Lequin, publié le

Le « moment du vivant », c’est le nôtre : celui où le vivant s’évade des laboratoires de recherche pour devenir un problème global, qui concerne tant la biologie que la métaphysique, l’éthique que l’esthétique. Désormais affaire de tous, le vivant ne peut plus être considéré comme « un simple fait ne posant pas de problème », ni comme « une valeur qui les résoudrait tous », souligne Frédéric Worms. En inaugurant ce volume collectif, le philosophe aborde ce nouveau problème en s’intéressant à « la vie mise à nu » du corps mourant du malade d’Alzheimer. Cette épreuve terrible nous montre pourtant qu’être vivant ne se réduit pas à un état de survie minimale : le vivant est aussi ce qui déborde les organismes isolés pour remplir nos vies, jusque dans l’expérience du proche qui ne me reconnaît plus. C’est cet espace ambigu, du vital au vécu, qu’arpente cet ouvrage issu d’un colloque organisé en 2012 à Cerisy-la-Salle, en restituant un moment bel et bien vivant de philosophie. 

 

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