Le nouveau culte du corps

Une recension de Chloé Salvan, publié le

Malgré les progrès de la médecine et la libération des mœurs, nous sommes les victimes consentantes d’une nouvelle tyrannie du corps. Yannis Constantinidès enquête sur l’état de nos pratiques (esthétiques, médicales, sexuelles, sportives…) et il observe en effet combien la dictature du corps « parfait, éternellement jeune et en bonne santé » semble nous condamner à l’insatisfaction, voire à la culpabilité. Séparés de notre corps réel, désirant et mortel, nous regardons notre enveloppe charnelle de l’extérieur, comme une vitrine perfectible, une mécanique requérant tous nos soins ou un instrument de plaisir à piloter. Entre fantasme de la toute-puissance et fatigue d’être soi, l’auteur diagnostique un dualisme mortifère qui doit être surmonté. Il en appelle à Nietzsche, le médecin de la culture qui prescrivait de « vivre dangereusement », sans se laisser corrompre par la « petite santé », dont notre nouveau culte du corps serait le dernier rejeton.

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