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Raphaël Quenard (au premier plan), Pio Marmaï, Blanche Gardin et Sébastien Chassagne dans “Yannick”, de Quentin Dupieux. © Atelier de production/Chi-fou-mi Productions/Quentin Dupieux 2023

Cinéma

“Yannick” : l’art doit-il divertir ?

Samuel Lacroix publié le 13 septembre 2023 7 min

En mettant en scène un homme interrompant une pièce qui lui déplaît pour la réécrire, le film Yannick de Quentin Dupieux pose des questions chères aux philosophes Theodor Adorno ou Jean Baudrillard, liées au statut de l’art à l’ère du capitalisme individualiste. Une comédie profonde et touchante qui contraste avec le non-sens dont le réalisateur est coutumier.


Grand dadais a priori sympathique à l’air ahuri, au phrasé et à l’accent indéterminés (mi-nordiste, mi-dauphinois, mi-francilien), Yannick (Raphaël Quenard) est gardien de nuit dans un parking à Melun – « dans le 77 », comme il le précise. Ce soir, il a posé un congé pour se rendre au théâtre, où l’on joue un vaudeville poussif, Le Cocu. Au bout de quelques minutes d’une représentation laborieuse où le jeu outré rivalise avec les poncifs du genre, ne pouvant plus y tenir, il se lève et interrompt la pièce : « J’ai du mal accepter qu’un spectacle qui s’est [sic] censé me remonter le moral, ça me fait l’effet inverse ! », se justifie-t-il avec aplomb. Incrédules, les acteurs sur scène (Pio Marmaï, Blanche Gardin et Sébastien Chassagne) ne s’en laissent pas compter et, après lui avoir expliqué que ce qu’il vient de faire ne se fait pas du tout, lui intiment de quitter les lieux. L’impétrant s’exécute. Néanmoins, entendant des rires en provenance de la salle au moment où il récupère son blouson au vestiaire et comprenant que l’on se moque de lui, il fait son retour, cette fois l’arme au poing. S’ensuit une prise d’otage du public et des comédiens, auxquels Yannick ordonne de se tenir prêts à jouer la pièce qu’il va entreprendre de réécrire.

 

L’ère du spectateur-consommateur

Malgré une audace et une spontanéité touchantes, ce spectateur, qui enfreint le contrat tacite lui enjoignant de ne pas interrompre la représentation, se comporte donc d’abord en consommateur : à l’instar d’un client mécontent d’un service, il désire faire une réclamation. De fait, il n’envisage pas le théâtre différemment de la restauration ou de l’hôtellerie, et s’attend à pouvoir s’adresser à un responsable, qu’il ne sait d’ailleurs pas bien comment désigner (« le metteur en scène, c’est ça ? »). Comprenant que ni l’auteur ni le metteur en scène ne sont présents ce soir, il demeure incrédule : « Le mec qui organise tout ça est pas là pour s’assurer que vous faites du bon boulot ? » Une fois ces informations assimilées, le bon Yannick ne se départit pas de la posture du client-roi, indifférent à ce que pensent ses congénères : ça ne peut pas continuer ainsi. Mais le service après-vente n’est pas au rendez-vous. Le problème, lui rétorquent sèchement les comédiens, c’est qu’ils ne vont pas s’arrêter juste pour lui. S’il est mécontent, il peut toujours quitter la salle et éventuellement demander un remboursement. « Ce serait trop facile de me rembourser », fait remarquer notre anti-héros qui refuse catégoriquement la perspective d’avoir perdu son temps et entend qu’on réajuste un service pour qu’il corresponde à ce qu’il attendait.

Quentin Dupieux face au spectateur émancipé
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