Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre

Une recension de Alexandre Lacroix, publié le

Ah, Martin Amis… Sa méchanceté, son sens aigu du grotesque, ses mots crus, ses périphrases interminables… Depuis quelques livres, son talent nous manquait. Voilà qu’il revient avec un roman qui compte parmi ses plus drôles. Son sujet : la dystopie contemporaine. L’action est située à Diston (pour Dys-town), banlieue anglaise imaginaire, recoin de la mégapole mondiale où règnent la brutalité et l’illettrisme, où les relations sociales et sexuelles sont déréglées, où l’on donne du Tabasco aux pitbulls pour entretenir leur rage. Lorsque les écrivains s’intéressent à ce type de lieu, c’est toujours pour verser dans une esthétique misérabiliste, au service d’un projet éthique compassionnel. Pas Amis : il peint la réalité en pire, afin de mettre sous les yeux de l’Occident son propre déclin. Et le romancier a l’heureuse idée de faire de son héros, l’abominable Asbo, le gagnant inopiné d’une fortune au loto, ce qui lui permet de porter sur la vulgarité des élites de l’argent un regard tout aussi impitoyable. Nul ne sort indemne de la satire.

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