Nue
Une recension de Philippe Garnier, publié lePour Jean-Philippe Toussaint, l’amour est le principe qui assure la cohérence du monde. Ainsi le narrateur de Nue se retrouve-t-il au Japon, perché sur le toit d’un centre d’art contemporain où la femme qu’il aime expose ses œuvres. Voyeur impuissant, collé au hublot, il guette Marie, dont il est sans nouvelles depuis des jours. Mais son désarroi le prive de perceptions nettes. Depuis son poste de guet, la foule du vernissage lui paraît un chaos cotonneux. Le temps et l’espace se disloquent. Il ne sait plus où il est, ni ce qu’il fait.
Un peu plus tard, Marie lui donne rendez-vous dans un café parisien. Et Nue devient alors la fascinante histoire d’une rupture qui se lézarde. Car, dans les étapes antérieures de cette suite de quatre romans, Marie et le narrateur n’ont cessé de former un couple à distance, comme sculpté par l’absence. Elle, happée par une carrière de créatrice de mode, hyperactive et douée d’une empathie enfantine, « océanique ». Lui, toujours dans les limbes, anxieux et paralysé, à l’affût d’un signe de la fugitive. Leur couple se reforme le temps d’un enterrement de famille. Mais ce qu’elle veut lui dire a plus à voir avec la vie qu’avec la mort. Elle est enceinte. C’est une Annonciation.
L’amour, selon Alain Badiou, est « le déploiement du monde à travers le prisme de notre différence ». Dans Nue, à mesure que Marie se rapproche de lui, le narrateur reprend possession de sa vie sensorielle. Le monde redevient lisible. Ce roman est un lent réglage de focale qui correspond au tempo de l’amour : plus le malentendu se dissipe, plus l’autre est présent, mieux on entre dans la plénitude de la perception. La folie du réel éclate alors dans une langue limpide. Des scènes jaillissent, balayant les règles et les usages, comme des performances d’art contemporain surgies du cours des choses. Ainsi ce top model revêtu d’une robe de miel corse, au milieu d’un essaim d’abeilles. Ou cette usine de chocolat qui brûle à côté d’un cimetière italien, dégageant cet arôme entêtant qui semble l’odeur des morts eux-mêmes sous la pluie de novembre. Le talent de Toussaint est de donner une allure naturelle à ce qui pourrait relever de la trouvaille maniérée, de même que cet amour compliqué se résout par la simplicité d’une étreinte dans une maison hivernale. Tout repose sur le regard du narrateur amoureux, convaincu de la nouvelle consistance du monde et de la force de l’événement qui entourent Marie.
« Sensible », fondée sur la « douceur » et la « pulsation du vivant »… C’est ainsi que la candidate écologiste Marie Toussaint…
Ce matin, en remontant l’avenue de l’Opéra, à Paris, je tombe devant l’énorme toile qui recouvre les échafaudages de l’Opéra Garnier. Alors que la magnifique…
« Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe a connu deux grands cycles. Un cycle qu’on pourrait dire progressiste, dans le domaine des mœurs…
Grâce aux tutoriels et aux applications en ligne, les échecs n’ont jamais été aussi populaires. Cette passion accompagne depuis sa jeunesse le…
Grâce aux tutoriels et aux applications en ligne, les échecs n’ont jamais été aussi populaires. Cette passion accompagne depuis sa jeunesse le romancier …
Oserez-vous affronter Mitra Hejazipour championne de France 2023 et grand maître international d’échecs ?
La fêlure est au cœur du travail et des réflexions de Maylis de Kerangal et de Camille Riquier. Pour la romancière comme pour le philosophe, elle…
L’histoire de Jésus est incroyable. Un garçon dans la force de l’âge, la petite trentaine, élancé, sportif, pas bête… Les cheveux au vent, la barbe de trois…