Par-delà nature et culture

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Ce livre renverse, l’air de rien, toute l’anthropologie occidentale, pour laquelle la diversité des cultures s’inscrit sur l’unité de la nature. Philippe Descola, lui, déplace le regard en observant comment les sociétés humaines envisagent leurs relations avec les autres êtres existants, animaux et végétaux notamment. L’homme occidental, par exemple, reconnaît chez un chien une similaire appartenance physique à la nature, mais il ne lui viendrait pas à l’idée de lui prêter une âme. L’Indien achuar, que Descola a étudié en Amazonie, respecte le singe laineux qu’il tue comme un être avec lequel il est en parenté. L’anthropologue nomme ces différents points de vue « ontologies », comme autant de façons d’identifier les limites entre soi et autrui. Il en a recensé quatre : le naturalisme (le partage nature/culture occidental, qui n’est donc qu’une vision parmi d’autres), l’animisme (notamment amérindien), le totémisme (surtout australien) et l’analogisme (en Inde du Nord et en Chine). Ce nouveau partage du monde inspire aujourd’hui à peu près tous les penseurs de la planète, sur la planète, à propos de la survie de la planète.

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